À l’occasion du tricentenaire de son sacre, le Château de Versailles rend hommage à Louis XV, avec une exposition exceptionnelle, « Louis XV, les passions d’un roi », rassemblant plus de 400 œuvres, dont certaines présentées en France pour la toute première fois.
Marqué par un bouillonnement intellectuel intense, son règne vit l’émergence de penseurs, dont Voltaire, Rousseau, Diderot et d’Alembert, de peintres tels que Nattier, Boucher, Quentin de la Tour, Van Loo, Caffieri, Drouais, Fragonard, ou encore de sculpteurs, comme Pigalle et Saly… Autant d’acteurs des Lumières, dont l’essor se conjugue avec une plus grande liberté de mœurs, dont on trouve écho dans les représentations littéraires et artistiques de l’époque.
Plutôt que du monarque, cette exposition tend à mettre en exergue les différentes facettes d’un homme à la personnalité complexe, profondément mélancolique et hypocondriaque, qui tentait de fuir une vie marquée par de nombreux deuils en s’adonnant, par exemple, à de longues heures de chasse.
Préférant l’architecture et les sciences, il se tiendra néanmoins très au courant des arts – c’est d’ailleurs sous son règne, en 1770, que fut inauguré l’Opéra Royal, désiré par son arrière-grand-père Louis XIV. C’est notamment sous l’influence des figures féminines de son entourage que les arts prirent tant d’ampleur. D’abord avec la marquise de Pompadour – protectrice des arts et des lettres –, puis, dans une moindre mesure, avec sa seconde maîtresse, la décriée Madame du Barry, et enfin grâce à la Dauphine, et future Reine de France, Marie-Antoinette, dont le goût prononcé pour le théâtre, mais aussi l’opéra, se manifesta notamment à travers son attachement pour le compositeur Gluck, son professeur de chant et de clavecin à Vienne, qu’elle fit venir à Paris.
Pour l’anecdote, dans La Dame de pique (1890), Tchaïkovski fait chanter à la Comtesse, surnommée la « Vénus moscovite » à la cour de Louis XV, au temps de sa splendeur, un air de sa lointaine jeunesse, dans lequel « une fois, chez le Prince de Condé à Chantilly, le roi l’entendit » – à ce détail historique près que Richard Cœur de Lion de Grétry, que cite le compositeur de Casse-Noisette, ne fut créé qu’en 1784, soit dix ans après la disparition du « Bien-Aimé ».
MAXIME PIERRE
À voir :
« Louis XV, passions d’un roi », au Château de Versailles, jusqu’au 19 février 2023.