Les liens du peintre avec la musique font l’objet d’une vente aux enchères chez Christie’s et colorent l’exposition immersive que lui consacre L’Atelier des Lumières, à Paris.
La vente en ligne s’intitule sobrement « Chagall et la musique ». Depuis le 27 mars, et jusqu’au 6 avril, la maison Christie’s soumet aux acquéreurs une cinquantaine d’œuvres exécutées par le peintre du plafond du Palais Garnier, dont une quarantaine sur papier, et une dizaine de lithographies. Né en 1887 à Vitebsk, dans l’actuelle Biélorussie, Marc Chagall grandit dans une famille juive, auprès d’un frère jouant de la mandoline et d’un oncle violoniste : par la suite, archets, lyres et musiciens de tous poils, qu’ils soient humains ou animaux, peupleront ses toiles.
Les créations que les collectionneurs et curieux auront l’occasion d’admirer dès le 30 mars au 9, avenue Matignon, à Paris, ont été conçues dans la seconde partie de l’existence de Chagall, alors que l’artiste – qui fut contraint à l’exil aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale – était à nouveau sur le sol français. Elles proviennent directement de son atelier et sont mises en vente, pour la première fois, à des tarifs courant de 1000 à 200 000 euros. Exécutée en 1974, la Rencontre multicolore avec le peintre pour le concert, estimée entre 200 000 et 400 000 euros, en constitue le lot-phare, mais on scrutera aussi les envolées potentielles de L’Ange devant l’Opéra (180 000-200 000 euros), qui date de 1981, soit quatre ans avant la mort de l’auteur. Sollicité pour de grands projets décoratifs et architecturaux, Chagall, nous rappelle-t-on, fut appelé à réaliser une commande monumentale pour le Foyer du Théâtre de Francfort en 1958. Sept études préparatoires inconnues de Commedia dell’arte sont proposées pour des estimations comprises entre 4000 et 30 000 euros.
De violonistes en opéra
À défaut de pouvoir acquérir un original du maestro, les plus modestes pourront en prendre plein les yeux à l’Atelier des Lumières, qui lui consacre sa dernière exposition immersive. Baptisée « Chagall Paris-New York » en référence aux métropoles qui ont marqué son destin, elle permet d’embrasser du regard toute l’étendue de son œuvre. Vitrail, céramique, mosaïque… le plasticien a exploré toutes sortes de matières, de supports (rideaux de scène, décors, costumes), de thèmes (fables, cirque, sujets bibliques, évènements dramatiques de son époque) sans jamais cesser de se renouveler. Si la palette du plus grand coloriste du XXe siècle contribue largement à la réussite de l’immersion, la qualité de la narration visuelle, suffisamment explicite pour que le visiteur en comprenne le cheminement, et le soin apporté à l’évocation du défi du Palais Garnier, finissent d’emporter l’adhésion.
À voir :
« Chagall et la musique », exposition chez Christie’s Paris, au 9, avenue Matignon, du 30 mars au 6 avril. Vente en ligne jusqu’au 6 avril 2023.
« Chagall, Paris-New York », à l’Atelier des Lumières, à Paris, Jusqu’au 7 janvier 2024.
