Directrice artistique du Festival de Pentecôte, Cecilia Bartoli, malgré un contexte sanitaire contraignant, a tenu le pari de proposer, du 21 au 24 mai, une programmation enthousiasmante, sur le thème de la « Rome éternelle », en chantant tous les jours, et même deux fois le dimanche.
Le 22 mai, en soirée, elle n’a fait qu’une bouchée de Sesto de La clemenza di Tito de Mozart, en version de concert. Le 23 mai, en matinée, on l’a retrouvée dans un « one woman show » avec orchestre, réunissant des airs de Haendel, Porpora et Hasse, puis, en soirée, en Piacere dans une nouvelle production d’Il trionfo del Tempo e del Disinganno, signée Robert Carsen, dont la première avait eu lieu deux jours plus tôt.
Le concert est une réussite, avec son alternance d’airs de bravoure et élégiaques, ses changements de costume à vue et ses bis (notamment les variations en forme de duel avec le trompettiste de l’orchestre, qui mettent le public en joie). Le spectacle aussi, qui transpose l’oratorio de Haendel dans l’univers de la mode et de la télévision (Piacere, Tempo et Disinganno sont les membres du jury d’un concours de mannequinat dont la gagnante est Bellezza). La diva se régale dans le personnage de Piacere, ici en mode « influenceuse », et délivre un « Lascia la spina » d’anthologie.
Un moment de grâce, pour finir. Dans une spectaculaire Tosca de concert réunissant, le 24 mai, Anna Netrebko, Jonas Kaufmann et Luca Salsi, sous la direction de Zubin Mehta, Cecilia Bartoli reprend un rôle minuscule, tenu à l’Opéra de Rome quand elle était enfant. Vêtue d’une lederhose, les pieds nus, les mains dans le dos et le sourire aux lèvres, elle traverse l’immense scène du Festpielhaus en chantant les quelques mesures du Pâtre, au début du troisième acte.