Alors que même ceux que l’on croyait éternels finissent par disparaître, une chose demeure : la voix. Étroitement liée au langage, par la parole, bien sûr, ainsi qu’à la musique, par la prosodie, elle est vectrice d’émotions si intimes que les discuter ou les comparer suscite bien souvent, parce que la subjectivité de chacun s’en mêle, de savoureux débats. Aussi, le génie des compositeurs convoque des esthétiques si diverses que chacun pourra mettre sa sensibilité à l’épreuve. Écoutez le Requiem de Mozart, des chœurs du Lacrimosa, Dies iræ ou Lux æterna, aux parties solistes – Confutatis ou Tuba mirum – tout est là : les voix se fondent avec l’orchestre, tantôt avec véhémence, tantôt avec une légèreté éthérée, mais toujours avec une puissante singularité.
Ce trimestre, en poursuivant notre exploration de l’univers lyrique sous toutes ses formes, nous vous proposons de faire un pas de côté pour glisser un peu de bonheur dans une actualité parfois maussade. Nous vous invitons dans ce numéro à découvrir les secrets de la voix lyrique, en explorant la fascination qu’elle procure aux auditeurs. Car, si beaucoup n’osent pas franchir les portes d’un opéra – temple sacré et effrayant –, l’art lyrique a le pouvoir de surprendre, d’interroger, mais surtout d’émerveiller. En témoignent le succès d’événements populaires comme les concerts en plein air organisés par Luciano Pavarotti, il y a quelques années, et toutes les initiatives « hors les murs » dont nous nous faisons l’écho dans ces pages.
Nous nous penchons aussi sur le rapport des chanteurs à leur instrument. Une relation puissante, fusionnelle même. La soprano allemande Edda Moser disait à ce sujet : « Je ne chante pas, cela chante en moi et cela me constitue. » Mais ce lien intime est souvent plus ambigu et complexe qu’il n’y paraît, même pour les plus grands talents: trac, stress, pression, idolâtrie délétère sont autant de facteurs qui peuvent parasiter les artistes lyriques jusqu’à mettre leur carrière en péril s’ils ne parviennent à s’en affranchir. Car, rappelons-le, le chanteur, comme tout un chacun, doit composer avec ses joies, ses peines et ses affects…
La voix chantée permet à la fois ce que ni la parole, ni aucun autre instrument ne peuvent exprimer indépendamment : où cesse la langue commence la musique. La voix est un véritable outil artistique qui s’exprime pleinement dans la musique et en appelle donc à notre propre sensibilité. Alors, laissez-vous surprendre, octroyez-vous ces émotions d’une richesse infinie et prenez-en plein les yeux, les oreilles et le cœur !
MAXIME PIERRE
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