Concerts et récitals Cecilia Bartoli et Lang Lang à Paris
Concerts et récitals

Cecilia Bartoli et Lang Lang à Paris

27/11/2025
© Marco Borrelli

Philharmonie, Grande salle, 11 novembre 

Pour l’unique étape française d’une tournée européenne, le récital de Cecilia Bartoli avec Lang Lang s’est donné dans une Philharmonie de Paris bondée. Les premiers sons, d’ailleurs nimbés d’une étrange réverbération artificielle, inquiètent un peu, par un vibrato lent et persistant dans le médium, des accrocs sur certaines attaques et un grave plus abruptement poitriné que par le passé. Des embarras dans le legato entachent aussi la simplicité du « Caro mio ben » de Giordani comme du « Vaga luna » de Bellini.

Heureusement, le charme, le fabuleux sens de la communication et la façon inimitable de mordre dans chaque mot sont toujours là, d’autant que l’artiste se dépense sans compter tout au long de ce programme fleuve de plus de deux heures de musique, essentiellement italienne – à part trois mélodies en français au milieu –, allant du baroque (version arie antiche) à la chanson sentimentale de De Curtis, en passant par deux airs d’opéra (Il barbiere di Siviglia, Gianni Schicchi), à côté de mélodies de chambre de Rossini, Bellini et Donizetti, ou de plus rares vignettes pucciniennes.

Et sans doute aurait-on oublié certaines réserves vocales si la chanteuse avait trouvé en Lang Lang un partenaire à la hauteur. Déjà en mars 2008, la participation de la superstar chinoise à la journée marathon en hommage à la Malibran conçue par Bartoli pour la Salle Pleyel nous avait laissé perplexe. Aujourd’hui, force est de constater que son jeu narcissique et maniéré, tout comme son absence de sens des styles – en particulier baroque – et son rubato complaisant plombent la soirée, y compris dans ses soli. Le sublime du « Lascia la spina » de Haendel se délite entre accompagnement émollient et ritournelle martelée, les flottements rythmiques dans « Les filles de Cadix » de Delibes ruinent tout le charme de la mezzo romaine, malgré des castagnettes fièrement brandies – elle jouera du tambourin pour la « Danza » rossinienne ! Le pire aura été la vingtaine de minutes de la cantate Arianna a Naxos de Haydn, où son jeu invertébré ne permet pas au discours de se construire, conduisant la chanteuse à surjouer le tragique.

Trois rappels scellent la complicité avec le public. Avant les tubes « Non ti scordar di me » de De Curtis (écho au « Ti voglio tanto bene » donné plus tôt) et « O sole mio », « Voi che sapete » – non sans maniérismes et quelques problèmes de justesse – rappelle ses débuts en Cherubino à l’Opéra National de Paris en 1990. La boucle est décidément bouclée, puisqu’en conclusion de la première partie, elle s’était lancée avec gourmandise, éventail en main, dans l’air de Rosina de Rossini, rôle de ses débuts en 1988.

THIERRY GUYENNE

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