Concerts et récitals Elektra à Metz
Concerts et récitals

Elektra à Metz

16/11/2025
Elena Pankratova, David Reiland et Hedvig Haugerud. © Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz/ Philippe Gisselbrecht

Arsenal, 9 novembre

Première saison entièrement hors les murs pour l’Opéra-Théâtre de Metz, en plein chantier de rénovation. L’occasion rêvée d’imaginer des projets au format inhabituel, dans des lieux alternatifs, comme cette Elektra donnée à deux reprises en version de concert à l’Arsenal, un défi impensable dans le cadre trop exigu de la salle à l’italienne du théâtre messin.

Mais l’Arsenal, conçu par l’architecte Ricardo Bofill, est-il pour autant le lieu idéal ? L’effectif orchestral, ramené à environ quatre-vingts musiciens (contre la centaine habituellement requise), déploie déjà ici une puissance impressionnante, au point de provoquer d’étranges phénomènes de réverbération, voire de saturation, étonnants dans un auditorium réputé pour sa clarté acoustique. Peut-être la faute à une jauge clairsemée, salle à moitié pleine ce dimanche après-midi ? Toujours est-il qu’assis vers le dixième rang, on se sent littéralement happé dans un chaudron sonore aussi fascinant qu’éprouvant.

Premier constat : l’excellence de l’Orchestre National de Metz Grand Est. Cuivres impeccables, cordes expressives, tout respire la maîtrise et la cohésion sous la baguette de David Reiland, qui tient son monde de la première attaque jusqu’à l’ultime cataclysme. On apprécierait parfois un peu plus de clair-obscur dans la démesure straussienne, mais l’énergie et la conviction l’emportent. Et puis, avec des chanteurs placés devant l’orchestre sur un étroit praticable, le risque de les couvrir se pose moins. La distribution a, du reste, l’exact format requis, jusque dans les seconds rôles, confiés même pour certains à des choristes d’une vaillance exemplaire.

Au registre de l’ampleur vocale, Elena Pankratova demeure sans rivale : une Elektra intrépide, aux aigus dardés à pleine puissance, mais qui garde un vrai sens de la ligne et ne crie jamais. L’actrice, qui se donne à fond, sans partition et en intériorisant beaucoup son jeu, vit intensément son rôle, entre rage et moments d’abandon. À ses côtés, la jeune soprano norvégienne Hedvig Haugerud impressionne en Chrysothemis : voix pure, aigus lumineux, incarnation d’une sincérité touchante, à la fois candide et fébrile. Moins décatie que d’autres Klytämnestra, Ana Ibarra impose une noblesse presque trop saine à son personnage halluciné. En revanche, le sobre Orest de Birger Radde convainc par sa densité émotionnelle, tandis que l’Aegisth de Kristian Benedikt, ténor héroïque à la projection vaillante, garde une prestance qui évite toute caricature.

LAURENT BARTHEL

Ana Ibarra (Klytämnestra)
Elena Pankratova (Elektra)
Hedvig Haugerud (Chrysothemis)
Kristian Benedikt (Aegisth)
Birger Radde (Orest)
Aline Rœdiger-Metzinger (Die Vertraute)
Aline Le Fourkié-Maalouf (Die Schleppträgerin)
Romain Meyblum (Ein junger Diener)
Thomas Rœdiger (Ein alter Diener)
Galina Averina (Die Aufseherin)
David Reiland (dm)
Patrick Méeüs (l)

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