Chapelle de la Charité, 13 juillet
Le dernier rendez-vous du week-end a permis de découvrir, pour ce concert Alessandro Scarlatti, un nouveau lieu : la Chapelle de la Charité, petite église baroque en plein centre, écrin idéal tant par son acoustique plus précise que celle de la Basilique, ses proportions, et son agencement, avec sa grille séparant chœur et nef.
Cette dramaturgie propre au lieu a permis une intéressante spatialisation du son, le concert s’ouvrant dans la quasi pénombre, sur un plain-chant a cappella de la soprano puis du contre-ténor, et enfin des deux. Le recueillement se poursuit avec une symphonie extraite de La Maddalena penitente, puis par l’air « Vieni, o notte », tiré d’une cantate profane, mais nimbé d’une troublante spiritualité. Le Stabat Mater enfin, écrit en 1724 par un Alessandro qui devait mourir l’année suivante, pour la confrérie napolitaine qui commanderait dix ans plus tard à Pergolèse une version destinée à remplacer celle de son aîné, frappe par son découpage surprenant du texte, l’audace de ses harmonies et chromatismes, d’une imprévisibilité absolue, surtout en regard de la mise en musique bien plus célèbre, hédoniste et consensuelle, par l’auteur de La serva padrona.
Le jeune ensemble La Palatine, dirigé conjointement par le claveciniste-organiste Guillaume Haldenwang et la soprano Marie Théoleyre, en a donné une lecture chambriste raffinée et pleine de mystère, mettant particulièrement en lumière les dissonances, retards et suspensions de la partition. Le contraste entre la voix droite et claire de la soprano et le contre-ténor dense, rond, couvert et assez vibré de Rémy Bres-Feuillet est fécond – ils pourront gagner en cohésion en accordant mieux leurs vibratos, leurs couleurs de voyelles et leurs consonnes finales – mais la proposition est déjà extrêmement séduisante et émouvante. Une soirée qui augure bien de la résidence pour trois ans de La Palatine à Beaune, avec des projets locaux tout au long de l’année.
THIERRY GUYENNE
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