Maison de la Radio et de la Musique, Auditorium, 2 juillet

Donné en conclusion du festival parisien du Palazzetto Bru Zane, ce concert pour les 150 ans de la disparition de Georges Bizet (3 juin 1875) est un peu pompeusement appelé « Gala », la proposition, avec deux chanteurs et aucune voix féminine, ne sortant guère de l’ordinaire. Introduite par l’Ouverture de Mignon d’Ambroise Thomas, la première partie, opératique, met en regard deux histoires d’amitié virile à travers des extraits (à chaque fois un air pour chacun puis un duo) des Pêcheurs de perles et du Don Carlos de Verdi. Curieux couplage au demeurant, Bizet ayant détesté ce Verdi-là.

John Osborn déçoit là où on l’attendrait idéal, avec une « Romance de Nadir » peu aisée, excessivement falsettisée dans l’aigu (y compris l’ut de tradition rajouté en coda), et même quelques problèmes d’attaque et de souffle. La cavatine de Don Carlos (acte I), rôle a priori très limite, est au contraire une bonne surprise, certes chantée plus en ténor de tradition française, voire de demi-caractère, qu’en verdien type. La voix, d’une juvénilité bienvenue, a retrouvé corps et éclat, même si quelques aigus manquent un peu d’ampleur. Dommage toutefois que son français soit ce soir nettement moins châtié qu’à l’accoutumée.

Alexandre Duhamel fait entendre un instrument assez sombre et large, évoluant vers le baryton dramatique. Efficace mais sans excès de subtilité en Zurga, il donne aux deux airs de la prison de Rodrigue une couleur plus paternelle que fraternelle, avec une intonation très souvent plafonnante. Dans leurs duos, le ténor, clair et haut placé, a souvent paru « manger » les harmoniques de son partenaire, à la voix pourtant plus grande, mais moins focalisée. Et quelle idée de faire entendre le duo exalté « Dieu, tu semas dans nos âmes » après la mort de Rodrigue !

À la tête de l’Orchestre National de France, la direction de Bertrand de Billy est solide, mais avare d’esprit et de grâce, en particulier dans le bel Adagio avec hautbois solo de la Symphonie en ut d’un Bizet de 17 ans donnée en seconde partie. Et quelle lourdeur d’effets dans l’introduction aux « Adieux de Rodrigue » !

THIERRY GUYENNE

Pour aller plus loin dans la lecture

Concerts et récitals Athalie à Paris

Athalie à Paris

Concerts et récitals Soirée hommage à Jodie Devos à Paris

Soirée hommage à Jodie Devos à Paris

Concerts et récitals La morte d'Orfeo à Versailles

La morte d'Orfeo à Versailles