Esglesia del Carme, 28 mars
En prélude à son édition estivale, le Festival « Castell de Peralada » propose, depuis 2023, une série de concerts, à l’approche de Pâques, au sein de l’Église du Carmen. Cette deuxième édition s’est ouverte avec un superbe San Giovanni Battista de Stradella, servi par des solistes de choix, en dépit d’une acoustique peu favorable à la diction des chanteurs.
Dans le rôle-titre, Xavier Sabata est d’un grand lyrisme, avec une belle maîtrise de la ligne. Le timbre du contre-ténor espagnol, de même que l’élégance de son phrasé, offrent un intéressant contraste avec l’autorité dramatique de l’Erode de Luigi De Donato. On sent, chez la basse italienne, une réelle affinité avec ce répertoire, ainsi qu’une liberté dans l’expression, secondées par l’agilité nécessaire, dans les pages plus vocalisantes.
La Salomé – ou Erodiade la Figlia, ainsi qu’elle est nommée dans le livret – de Giulia Semenzato possède, également, de nombreux reliefs musicaux et dramatiques. La soprano italienne mène particulièrement bien les duos avec son beau-père, passant du charme de l’héroïne à son désir de vengeance. Mais elle sait, aussi, habiter les pages plus lumineuses de la partition.
On retiendra, tout particulièrement, la prestation de Juan Sancho : la clarté et la beauté du timbre du ténor espagnol lui permettent de faire valoir ses qualités, malgré la relative brièveté des interventions du Conseiller. Sa compatriote Elena Copons est, quant à elle, une superbe Erodiade la Madre, à la voix aussi aérienne que bien projetée et sonore.
À la tête de l’ensemble Vespres d’Arnadi, Dani Espasa joue des contrastes de la partition. S’il tire de ses musiciens de très belles couleurs dans les pages élégiaques, ainsi qu’une grande densité dans le legato, il se plaît à souligner les ruptures, les élans soudains, les moments vifs. Tout concourt à la mise en valeur des voix, dans une œuvre qui les laisse se déployer, mais ne perd jamais de vue l’efficacité du récit.
Le lendemain, 29 mars, était proposé le Stabat Mater de Pergolesi, dans sa rare version révisée par Bach, traduite en allemand. Au programme, également, la création de Tenebrae Responsoria de Joan Magrané Figuera (né en 1988) – pièce méditative avec soprano et violoncelle solo, qui résonne comme une relecture contemporaine de l’œuvre de Gesualdo et des Leçons de ténèbres de Couperin.
L’occasion, donc, de faire dialoguer les époques et les compositeurs, tout en gardant le chant au cœur du Festival « Castell de Peralada », connu, notamment, pour ses grands récitals lyriques.
CLAIRE-MARIE CAUSSIN