Rendez-vous annuel des mélomanes, les Victoires de la Musique classique célébraient hier soir leur 30 ans à l’auditorium de l’Opéra de Dijon. Présentée par Stéphane Bern et Clément Rochefort, la soirée était retransmise en direct sur France 3 et France Musique.
Pour démarrer les festivités, Jakub Józef Orliński, tout feu tout flamme, s’est adonné à un numéro de breakdance aux côtés des danseurs de la compagnie MK, du Centre chorégraphique national de Créteil et du Conservatoire régional de Dijon, dans une chorégraphie de Mehdi Kerkouche, sur la Danse des sauvages des Indes galantes – « une belle façon d’honorer le compositeur dijonnais Jean-Philippe Rameau », commente Stéphane Bern. Le contre-ténor polonais reviendra plus tard dans la soirée pour interpréter « Gemo in un punto e fremo » de L’Olimpiade de Vivaldi, avec l’Ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi .
Comme à l’accoutumée, deux catégories concernaient les chanteurs : les prix de la « Révélation Artiste lyrique » et de l’« Artiste lyrique ». Dans la première, étaient nommés la mezzo-soprano Marine Chagnon, le baryton Edwin Fardini, et la soprano Alexandra Marcellier. Membre de l’Académie de l’Opéra National de Paris, la première a interprété, au début de la soirée, « Près des remparts de Séville » de Carmen, faisant montre d’un beau tempérament et d’une voix ronde, aux graves nourris. Malgré une mauvaise prise de son, ou un défaut de projection et de mordant, le second s’est distingué, dans l’air du Comte des Nozze di Figaro, par son excellente diction. La troisième, enfin, s’est elle aussi mesurée à Mozart, avec « Tutte nel cor vi sento », de l’opéra Idomeneo, juste avant d’être récompensée. Artiste très incarnée, tout en véhémence, sa voix, grossie à outrance, n’en suscite pas moins l’inquiétude, avec des passages de la tessiture complètements blanchis, des graves écrasés et un large vibrato.
Concernant la catégorie « Artiste lyrique », c’est la mezzo franco-suisse Marina Viotti qui a été couronnée. Émue et très surprise, elle a rappelé aux spectateurs que « la musique n’a pas de frontière ». Elle a interprété un poignant « Mon coeur s’ouvre à ta voix », extrait de Samson et Dalila de Saint-Saëns. Lea Desandre, nommée dans cette même catégorie a chanté « Ombra mai fu », célèbre page de Serse de Haendel, accompagnée par l’Ensemble Jupiter. Quant à la soprano et cheffe d’orchestre Barbara Hannigan, grande habituée des Victoires également en lice dans cette catégorie, elle n’était pas présente hier soir.
Ont également été récompensés Aurélien Pascal, violoncelliste (Révélation soliste instrumental) ; Bertrand Chamayou, pianiste (Soliste instrumental) ; Matthäus-Passion de Johann Sebastian Bach, par l’ensemble Pygmalion, Raphaël Pichon, Sabine Devieilhe, Lucie Richardot et Stéphane Degout, paru chez Harmonia Mundi (Enregistrement) ; Lucie Leguay et Victor Jacob, ex-aequo (Révélation chef d’orchestre) ; et Fabien Waksman, pour L’Île du temps, concerto pour accordéon et orchestre symphonique – CD Warner Classics « J’ai deux amours » – (Compositeur).
Vous pouvez revivre cette cérémonie en replay sur France TV et sur France Musique
MAXIME PIERRE
