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Comptes rendus

Nouveau et séduisant duo pour l’Élixir à Paris

29/10/2021

Opéra Bastille, 24 octobre

Les défections ont quelquefois du bon. Celle de Sydney Mancasola aura permis aux spectateurs de cette deuxième série de représentations de L’elisir d’amore de découvrir plusieurs Adina : Mané Galoyan, Aleksandra Kurzak et, en ce 24 octobre, Pretty Yende.

Ce remplacement – ajouté aux débuts in loco de Pene Pati, dans le rôle de Nemorino, et au retour du Dulcamara d’anthologie d’Ambrogio Maestri – aura fait souffler un air de nouveauté sur la production qui, en septembre, paraissait bien trop routinière (voir O. M. n° 177 p. 55 d’octobre 2021).

Pendant tout le premier acte, Pretty Yende semble sur la réserve, impeccable techniquement, avec cet aigu brillant qui la caractérise, mais restant à la surface du personnage, dont la légèreté et le piquant lui échappent un peu. Certes, les duos montrent la soprano sud-africaine plus impliquée, mais il faut attendre ses airs du II pour qu’elle donne enfin toute la mesure de ses ressources, avec un engagement véritable.

Pene Pati, lui, ne fait pas dans la demi-mesure. Il joue, avec beaucoup de fantaisie et d’agilité, son rôle de « ravi » touché par la grâce de l’amour. D’emblée, son beau timbre naturel séduit. La voix, bien ancrée dans un centre solide, s’élargit sans effort dans le registre aigu, clair et brillant. Si « Una furtiva lagrima » déçoit un peu, c’est qu’à force de vouloir interpréter le texte, le ténor samoan sacrifie le charme mélodique de l’air. Péché véniel, que compensent largement sa personnalité rayonnante et le capital de sympathie qu’il dégage, ce qui lui vaut, aux saluts, des applaudissements nourris.

Avec sa voix de stentor, Ambrogio Maestri fait une entrée fracassante, mais sa tendance à forcer sur le volume compromet parfois la justesse d’intonation. Comme toujours, son Dulcamara est idéal de verve et de diction. De son côté, Simone Del Savio semble avoir profité de ce contexte renouvelé : si sa caractérisation de Belcore a peu changé, le chanteur est ici plus affirmé, comme rajeuni.

La mise en scène de Laurent Pelly, parfaitement rodée, continue de faire mouche. Et Giampaolo Bisanti dirige avec la même élégance, la même conviction.

ALFRED CARON

OPÉRA NATIONAL DE PARIS/ÉMILIE BROUCHON

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