Comptes rendus Beckett avec musiques à l’Athénée
Comptes rendus

Beckett avec musiques à l’Athénée

26/10/2021

Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 8 octobre

Samuel Beckett a écrit cinq pièces radiophoniques. C’est l’une d’entre elles, Words and Music, qui est jouée à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, pourvue d’une nouvelle partition musicale, signée par le compositeur franco-colombien Pedro Garcia-Velasquez (né en 1984), qui succède à celles écrites respectivement par John S. Beckett, cousin du dramaturge irlandais, puis par Morton Feldman.

Le scénario, on ne peut plus simple, fait intervenir deux comédiens : le premier, Jo (excellent Johan Leysen), s’interroge sur la puissance de la paresse et de l’amour (le texte est en anglais). Le second, Bob (Jean-Claude Frissung), que le premier persiste à appeler Milord, lui pose les questions élémentaires à propos de la vie et de la mort, auxquelles Jo répond, quelquefois en fredonnant, par des divagations métaphysiques, où il est question du vieillissement, du visage, des cendres, etc. Insatisfait des réponses, Bob pousse des croassements, afin de montrer son angoisse. À la fin, il s’en va et s’exclame : « Music ! »

La musique, précisément, ne tient pas ici un rôle essentiel. Assez inoffensive, celle qu’a composée Pedro Garcia-Velasquez reste une simple illustration, confiée à huit instrumentistes de l’ensemble Le Balcon, qu’Alphonse Cemin dirige de manière vive et acérée. Le plus spectaculaire est cet appareillage de cloches, lamelles, cordes et autres enclumes miniatures, installé sur scène et dans plusieurs loges du théâtre.

Actionnés à distance, ces instruments (faut-il les appeler autrement ?) apportent un contrepoint fantastique qui prend possession de l’espace, mais de manière discrète, insidieuse, et finalement assez frustrante. On aimerait entendre davantage ces sons énigmatiques et merveilleux que produisent des robots sculptés (par Marion Flament), que l’on voit s’activer à la manière d’insectes métalliques, à la fois inquiétants et virtuoses.

Il n’est pas interdit de se laisser prendre au piège de ce court spectacle, mis en scène par Jacques Osinski, dont on se dit qu’il pourrait faire de nouveau ses preuves sur une antenne radiophonique.

CHRISTIAN WASSELIN

PHOTO © PIERRE GROSBOIS

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