Teatro Rossini, 10 août
En 2012, la dernière production in loco d’Il signor Bruschino, plutôt irrévérencieuse, n’avait pas fait l’unanimité. La compagnie Teatro Sotterraneo y faisait du Festival un parc d’attractions, baptisé « Rossiniland », où les touristes se promenaient au milieu de la représentation et se faisaient photographier avec les personnages.
Bien malin qui dira pourquoi Barbe & Doucet ont transformé, à leur tour, I’ultime farce vénitienne de Rossini, cette fois en une pochade marseillaise, où passe le souvenir de la célèbre trilogie de Marcel Pagnol. Ni pourquoi ils ont installé l’action sur un bateau à voiles grandeur nature , qui semble être à quai depuis un certain temps, malgré la tenue de parfait yachtman de Gaudenzio, son propriétaire.
Plus qu’une mise en scène en demi-teintes, à l’humour efficace, mais sans grands effets, on retiendra une réalisation musicale de premier plan qui, par le jeu des ornements, jusque dans l’orchestre, renouvelle la partition, tel le grand air de Sofia, magnifiquement accompagné par le cor anglais.
Menée par la baguette enthousiaste et d’une grande vivacité de Michele Spotti, la distribution, dont la plupart des membres ont l’âge de leurs rôles, que ce soit du côté des deux basses bouffes ou des jeunes gens, enchante par ses qualités vocales et théâtrales.
Le ténor américain Jack Swanson se révèle un parfait parangon du tenore di grazia en Florville. La soprano espagnole Marina Monzo offre à Sofia un timbre pulpeux et une belle musicalité, malgré des aigus un peu droits. Si le Gaudenzio de Giorgio Caoduro manque de rondeur, il se révèle particulièrement apte au chant syllabique. Pietro Spagnoli compose un Bruschino père particulièrement savoureux, sans jamais tomber dans la caricature.
L’ensemble constitue un agréable intermède, entre les deux grands « opere serie » de cette édition 2021.
ALFRED CARON
PHOTO © STUDIO AMATI BACCIARDI