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Comptes rendus

Luisa Miller superbement distribuée à Marseille

05/04/2021

Opéra, 28 mars

Nouvelle fermeture au public, à l’Opéra de Marseille, pour une Luisa Miller accessible toutefois à une poignée de professionnels, à l’occasion d’une captation télévisée qui sera diffusée sur les antennes publiques, probablement cet été.

L’ouvrage n’est pas des plus faciles à distribuer, mais, une fois de plus, Maurice Xiberras, directeur général de la maison, se montre à la hauteur de l’enjeu. La Luisa de Zuzana Markova est un miracle. Avec le physique et la gestuelle d’une véritable jeune fille, la soprano tchèque déploie les énormes ressources exigées par le rôle, en termes de puissance, de coloration, d’investissement dramatique, et parvient au terme de la représentation aussi fraîche qu’une rose, comme si elle n’avait dû déployer aucun effort !

Stefano Secco n’est pas spécialement connu pour son élégance ou le velouté de son timbre, mais son Rodolfo, qui n’est pas non plus un rôle particulièrement reposant, est très sûr. Sophie Koch endosse, avec Federica, l’emploi de la semi-méchante de service. Dommage que la musique ne la mette pas suffisamment en valeur, et que la mise en scène ne lui permette pas non plus d’afficher une véritable personnalité.

Gezim Myshketa est un Miller à la fois élégant et véhément. D’ailleurs, l’élégance semble être le maître-mot des voix graves masculines, que ce soit l’éternellement parfait Nicolas Courjal en Walter ou le toujours bienvenu Marc Barrard en Wurm.

Sous la baguette de Paolo Arrivabeni, l’Orchestre de l’Opéra de Marseille se montre aussi bien inspiré dans les moments passionnés que dans les instants de flonflon typiquement verdiens qui émaillent la partition.

On n’a vraiment pas de chance avec les réalisations marseillaises du trio Louis Désiré/Diego Mendez Casariego/Patrick Méeüs. Après avoir chroniqué leur Bohème en streaming (voir O. M. n° 169 p. 34 de février 2021), où l’on avait déploré le fait de ne rien voir sur son écran d’une production imaginée pour la scène, voilà qu’on se retrouve dans une salle à assister à un spectacle conçu pour la télévision ! Par exemple, il est évident que ce projecteur dirigé, de temps à autre, droit dans notre figure a une autre fonction que de nous éblouir et de nous donner la migraine !

Que voit-on alors de ce dispositif, sans pouvoir vraiment préjuger du rendu final ? Des parois sombres et tournantes délimitant les différents espaces, avec quelques taches de couleur, quand il s’agit du coquet papier peint fleuri de la demeure des Miller, et peu d’accessoires. Des figurants, mauvais garçons rôdant dans les rues, groupe de pures jeunes filles, laissent une impression de malaise.

Les choristes sont relégués au premier balcon, ce qui donne un effet spatial intéressant. Mais, de façon surprenante, ce dispositif, probablement adopté pour respecter les distances physiques, a pour conséquence leur remplacement sur scène par des figurants, qui ne sont pas moins vulnérables. Il y a sûrement une explication, mais nous ne l’avons pas.

CATHERINE SCHOLLER

PHOTO © CHRISTIAN DRESSE

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