Julien Chauvin et son ensemble instrumental Le Concert de la Loge terminent leur enregistrement des six Symphonies parisiennes de Haydn par ce double album, comportant les numéros 84 & 86 (baptisées récemment « La Discrète », pour la première, et « La Capricieuse », pour la seconde, suivant des suggestions du public).
Comment ne pas apprécier le son vif, brillant et généreux, les couleurs variées d’une formation fondée en 2015 seulement, et qui, pourtant, semble déjà avoir atteint une maturité enviable? La vision de Julien Chauvin est toujours aussi juvénile, élégante sans sophistication, d’une classe immédiatement séduisante. Un trop bref moment de grâce : le « Trio » de la n° 86.
Le complément est à la hauteur des enjeux : le Stabat Mater, composé en 1767 et déjà gravé, entre autres, par Frieder Bernius (Carus), Michel Corboz (Erato), Nikolaus Harnoncourt (Teldec), Laszlo Heltay (Decca) et Trevor Pinnock (Archiv Produktion).
Exécuté, pour la première fois, le 9 avril 1781, au Concert Spirituel, institution parisienne alors dirigée par le ténor réputé Joseph Legros, l’ouvrage, qui dure environ une heure, connut un franc succès, rivalisant avec un autre Stabat Mater, celui de Pergolesi, favori de l’auditoire. Le Concert de la Loge a choisi la partition d’époque, révisée par Richomme.
Attachant, contrasté, avec, dans l’écriture vocale, quelques touches de virtuosité à l’italienne, ce Stabat Mater, enregistré en studio, en octobre-novembre 2019, est servi par un orchestre irréprochable, un chœur de haut niveau (l’ensemble Aedes), et un quatuor de solistes fins musiciens : Adèle Charvet, au timbre onctueux ; Reinoud Van Mechelen, lumineux et émouvant ; Andreas Wolf, sincère et profond ; Florie Valiquette, plaisante mais plus extérieure.
En 1781, l’œuvre fut donnée en deux parties : la première, le soir du Lundi saint, et la seconde, le lendemain. Ce qui justifie qu’ici, elle soit répartie sur deux CD.
2 CD Aparté AP 245
MICHEL PAROUTY