Comptes rendus Le meilleur de la comédie musicale à Marigny
Comptes rendus

Le meilleur de la comédie musicale à Marigny

03/04/2019

Théâtre Marigny, 27 mars

Sans doute moins connu en France que Jerome Kern, Irving Berlin, Cole Porter ou Richard Rodgers, Frank Loesser n’en est pas moins une figure marquante du « musical ». Avec Guys and Dolls, le soir du 24 novembre 1950, il décroche le jackpot. Un succès qui ne s’est jamais démenti au cours des nombreuses reprises à New York et à Londres, renforcé, bien entendu, par le film de Joseph L. Mankiewicz (1955), « starring » Marlon Brando et Jean Simmons.

Poursuivant au Théâtre Marigny le travail entrepris au Châtelet, Jean-Luc Choplin offre aux Parisiens cet incontournable d’un genre pour lequel il a œuvré avec détermination, multipliant les réussites. Comme toujours, il a privilégié la version originale, avec surtitres français, et a réuni une équipe de choc.

Décors allusifs (des cadres garnis d’ampoules pour symboliser les lumières de Broadway, quelques éléments pour les différents lieux, un local de l’Armée du Salut, les égouts qui abritent un moment les jeux clandestins, et même un bar de La Havane), des costumes colorés : Peter McKintosh s’est bien amusé.

Dans ce cadre idéal, Stephen Mear, apprécié à Paris pour les chorégraphies de On the Town, Singin’ in the Rain, et pour la mise en scène de 42nd Street, signe un spectacle débridé et trépidant, mené tambour battant par James McKeon, à la tête d’un ensemble instrumental bourré de vitamines.

Mesure-t-on toujours l’importance des réactions du public dans la réussite d’une soirée ? Pour une comédie musicale, elle est primordiale. Est-ce le livret farfelu de Jo Swerling et Abe Burrows, inspiré des nouvelles de Damon Runyon, avec son intrigue mettant aux prises deux joueurs impénitents prêts à toutes les combines, une missionnaire de l’Armée du Salut et une chanteuse de cabaret enrhumée, ne rêvant que d’une vie bourgeoise et pantouflarde, qui a laissé l’auditoire sceptique ? La première partie, ce soir-là, ne déclenche pas l’enthousiasme.

Après l’entracte, en revanche, la salle fait assaut de dynamisme, ovationnant des acteurs et danseurs survoltés. Un rien conventionnels, les amoureux, Matthew Goodgame et Clare Halse, au timbre très acidulé dans l’aigu, sont néanmoins sympathiques et Barry James réussit à émouvoir le temps de l’air très bref confié à un grand-père affectueux.

Mais les deux triomphateurs de la troupe sont indubitablement Ria Jones, Miss Adelaide, vedette sexy du Hot Box Club, voix volontairement copiée sur celle d’un canard de « cartoon », et Joel Montague, Nicely-Nicely déchaîné. Ils brûlent les planches et se hissent quasiment à la hauteur des créateurs des rôles, Vivian Blaine et Stubby Kaye, que l’on peut voir dans le film de Mankiewicz.

Grâce à des artistes de cette trempe, on comprend que Guys and Dolls soit devenu un classique.

MICHEL PAROUTY

PHOTO © JULIEN BENHAMOU

Représentations jusqu’au 27 juillet.

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