Le directeur général de Pathé Live, distributeur français des retransmissions en direct du Metropolitan Opera, explique son rôle et dresse le bilan à la veille du Macbeth qui inaugurera la saison, le samedi 11 octobre, avec Anna Netrebko.
Quel est le rôle de Pathé Live ?
Nous sommes un distributeur, filiale des cinémas Gaumont Pathé. À ce titre, nous avons les droits exclusifs sur les retransmissions du Met pour la France, la Suisse, le Maroc et le Liban, que nous commercialisons ensuite auprès des salles. Concrètement, nous allons à leur rencontre, nous leur présentons le programme et nous établissons un contrat avec elles, si elles sont intéressées. Dans le cas du Met, il s’agit de 10 productions réparties sur l’année. Pour le cycle de ballets du Bolchoï, que nous diffusons dans les mêmes conditions dans 48 pays et 1 200 cinémas, nous sommes, en plus, producteurs. C’est-à-dire que nous finançons intégralement la captation et la retransmission en direct depuis Moscou. Nous assurons aussi la promotion et la publicité de tous les spectacles, afin d’attirer le public le plus large possible.
Retransmettez-vous d’autres types de spectacles ?
En 2012, le spectacle de Florence Foresti, en direct de Bercy, a fait 82 000 entrées sur la France. Le 27 mars dernier, celui de Mylène Farmer, filmé en septembre 2013 à Lyon, a établi le record absolu, avec 101 107 entrées en une seule séance ! L’idée est de rester dans le positionnement culturel qui est le nôtre, avec trois impératifs en tête : qualité, rareté et exclusivité. Chaque retransmission doit être un événement unique, où le public vient partager un moment de plaisir et d’émotion ; c’est la dimension sociale de rassemblement, indissociable de la notion de spectacle, à laquelle participe aussi la mise en place d’un bar, voire d’un service complet de restauration, aux entractes dans certains cinémas. Et un événement inaccessible par d’autres moyens. Florence Foresti jouait à guichets fermés, New York et Moscou sont à plusieurs heures d’avion de la France, et les billets sont chers… Quand nous avons essayé de retransmettre de la danse contemporaine, cela n’a pas marché, car l’offre de spectacles vivants dans ce domaine est déjà pléthorique.
Quels sont vos autres critères ?
Une marque reconnue est indispensable. Le Met en est une, le Bolchoï, Florence Foresti et Mylène Farmer aussi !
Est-ce vous qui fixez le prix des places ?
Les salles de cinéma sont libres de leurs prix. Comme nous avons des coûts à amortir derrière, nous leur conseillons simplement, pour le Met, un tarif plein entre 25 et 30 euros, en les incitant fortement à mettre en place des politiques d’abonnement, des tarifs en faveur des jeunes… Ainsi, pour le Met, 3 % des spectateurs bénéficient de celui réservé aux moins de 12 ans, ce qui signifie que, sur une moyenne de 20 000 places vendues en France pour chaque opéra, 600 sont occupées par des enfants. Un chiffre, je dois le dire, qui me réjouit ! Pour un enfant qui découvre l’opéra, une salle de cinéma est moins intimidante qu’un théâtre lyrique, c’est un lieu où il a l’habitude de se rendre et qu’il associe à la notion de plaisir.
Techniquement, comment une retransmission du Met se passe-t-elle ?
Le Met a ses équipes à New York. À Paris, nous avons une personne qui coordonne, en lien avec une hotline que les 130 cinémas -français, indépendants ou appartenant à un réseau, peuvent appeler s’ils rencontrent le moindre problème. La principale difficulté, outre d’éventuelles conditions météorologiques extrêmes, c’est la synchronisation de l’image et du son, raison pour laquelle nous commençons les derniers tests deux heures avant le début de la retransmission. Les premiers sont effectués le mardi précédent. On vérifie alors que les paraboles de tous les cinémas sont bien orientées vers notre satellite et que le signal envoyé est correctement lu par le projecteur. Après, un impondérable reste toujours possible localement…
Y a-t-il des opéras qui font moins recette que d’autres ?
Chaque saison, il y a au moins un titre dont nous savons, dès le départ, qu’il sera plus difficile à vendre : Satyagraha de Glass en 2011-2012, The Tempest d’Adès en 2012-2013, Le Nez de Chostakovitch en 2013-2014. Mais nous avons quand même réuni 10 000 spectateurs pour chacun, ce que je considère un excellent chiffre, s’agissant d’opéras moins connus que Carmen !
Votre record en nombre d’entrées pour le Met ?
34 000 en une seule séance, en direct, pour La traviata avec Natalie Dessay !