Du 6 au 10 mai, la metteuse en scène française s’attaque pour la première fois à Wozzeck à la demande de l’Opéra de Dijon où, en 2010, sa nouvelle production de L’Amour des trois oranges avait remporté un vif succès.
Wozzeck est-il un opéra intimidant ?
Je me retrouve face à un monument ! Pour s’atteler à un tel chef-d’œuvre, il faut à la fois le maîtriser, afin de ne pas se laisser dévorer par lui, et avoir toute l’humilité du monde pour essayer de le comprendre, d’aller au cœur de la musique et de ce qu’elle raconte. Après avoir monté successivement L’Italiana in Algeri, L’occasione fa il ladro et La Cenerentola, je suis heureuse de revenir à un répertoire « sérieux », car j’avais pris beaucoup de plaisir à travailler sur des titres comme The Turn of the Screw, The Rape of Lucretia et Tamerlano. Et puis, quel bonheur d’avoir l’opportunité de faire le grand écart entre Rossini et Berg, ne serait-ce que dans la manière d’appréhender la partition, dont la lecture même s’est avérée complexe ! Pour autant, j’ai très peur…
Êtes-vous revenue à la pièce de Georg Büchner, écrite en 1837 et restée inachevée à la mort de son auteur, pour nourrir votre approche de l’opéra ?
Je me suis non seulement replongée dans les différentes versions des fragments de Woyzeck laissés par Büchner, mais aussi beaucoup documentée sur son histoire. J’ai également relu les entretiens entre Patrice Chéreau et Daniel Barenboim, dans lesquels le premier explique justement ne pas mettre en scène la pièce de théâtre, mais l’opéra qui s’en inspire. Très tôt, en écoutant la musique et en étudiant le processus de composition de Berg, j’ai été fascinée par l’extrême rigueur structurelle de l’œuvre, ainsi que par cette manière de concevoir les interludes comme des silences visuels, pour scander un rythme proprement cinématographique. Ces aspects ont prévalu dans l’organisation scénique du projet.
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