Nouvelle structure juridique, nouvelle articulation des programmes, nouveaux partenariats : seize mois après sa nomination, le directeur de l’Opéra de Vichy continue à imprimer sa marque. Prochains rendez-vous : L’Opéra de Quat’Sous, le 8 février, et Il ritorno d’Ulisse in patria, les 23 et 24 mars.
Quelle place la musique a-t-elle occupée dans votre parcours ?
J’ai suivi une formation de chanteur lyrique. Après deux années d’activité, en tant que ténor lyrique léger, j’ai mis fin à ma carrière, suite à des problèmes récurrents au niveau des sinus. J’ai ensuite privilégié l’administratif et j’ai obtenu, en 2010, un diplôme professionnel d’administrateur du spectacle vivant, spécifiquement créé à l’attention des artistes en reconversion.
Et vous avez été repéré par le chef d’orchestre Jérôme Kaltenbach…
En 2002, il a transformé sa ferme familiale, à Villefavard, dans la Haute-Vienne, en un lieu de résidence artistique, d’enregistrement et de concerts. Après avoir été, pendant quatre ans, directeur de compagnie en résidence, j’ai intégré, en 2011, son équipe avec une double casquette : directeur artistique du Festival du Haut Limousin et responsable du développement. Puis, en 2015, le conseil d’administration m’a nommé directeur délégué.
Jusqu’à ce que l’opportunité vichyssoise se présente…
Je m’épanouissais dans mes fonctions à Villefavard, où j’ai notamment créé, en 2014, un orchestre à géométrie variable, Les Forces Majeures, avec Raphaël Merlin, chef et violoncelliste du Quatuor Ébène. Mais l’envie de diriger un Opéra me titillait… J’ai répondu à l’annonce de Vichy et j’ai été nommé en 2017.
Vous n’y dirigez pas seulement l’Opéra, puisque votre titre est « directeur de la Culture et de l’Opéra de Vichy »…
C’était stipulé dans l’annonce. Mais comment gérer, d’un côté, une salle de 1 400 places, avec une double programmation hiver/été, et, de l’autre, participer à la construction d’une politique culturelle avec les élus locaux ? Ne connaissant que très mal les codes des collectivités territoriales, la charge m’a d’abord effrayé. Et puis, j’ai décidé de relever le défi de diriger un service comptant vingt-quatre fonctionnaires territoriaux, affiliés à la Médiathèque, ainsi que vingt-deux salariés de droit privé d’un Établissement public de coopération culturelle (EPCC) regroupant, entre autres, l’Opéra, le Centre Culturel et les expositions.
Pourquoi ?
Vichy est une ville à taille humaine que j’affectionne particulièrement, tant pour son histoire et son architecture que pour sa douceur de vivre. Ma rencontre avec Frédéric Aguilera, son jeune et très dynamique maire, avec Charlotte Benoit, sa première adjointe à la Culture, et avec Pierre Dervieux, directeur général des Services, a achevé de me convaincre de la pertinence et du caractère innovant de leur projet. Ils placent la culture au cœur de leurs priorités, comme un élément d’épanouissement des publics, d’attractivité sur le territoire et de développement économique.
Officiellement inauguré en 1903, l’Opéra de Vichy s’enorgueillit d’un passé prestigieux. N’est-ce pas un poids lourd à porter ?
Passionné d’histoire, ce passé ne peut que m’intéresser ! Je sais la place que l’Opéra a occupée, notamment dans l’entre-deux-guerres, lorsqu’il était une succursale d’été de l’Opéra de Paris. Et je me sers de ce passé comme d’une force. Je ne veux rien oublier, seulement revenir à un lieu où la création sera prégnante. La ville, qui compte 25 000 habitants, est la seule de moins de 30 000 habitants en France à posséder un Opéra. Le bassin de population, lui, est de 80 000 habitants. La métropole la plus proche est Clermont-Ferrand, à 80 kilomètres. Actuellement, notre public s’intéresse essentiellement au théâtre parlé, un théâtre que je qualifierais de « populaire de qualité ». À moi et aux équipes de l’attirer vers d’autres formes, qu’elles soient lyriques, chorégraphiques ou expérimentales. Tout cela, bien évidemment, avec des ressources inférieures à celles des autres maisons d’opéra de l’Hexagone.