Les 23 et 24 novembre, l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines accueille L’Annonce faite à Marie, commande du Théâtre du Capitole au compositeur français, fasciné depuis sa jeunesse par le « mystère » de Paul Claudel, qu’il a mis en musique presque comme un acte de foi.
À quand remonte votre dévotion pour Paul Claudel (1868-1955) ?
À mes 17 ans, lorsqu’à Montbrison, j’ai assisté à une représentation de L’Annonce faite à Marie, que donnait la troupe de Jean Dasté. J’en suis sorti véritablement touché par la grâce, fasciné par cette langue si riche et si simple à la fois, avec ses profondes racines terriennes et sa constante élévation vers le ciel. Ce même enchantement, je l’ai toujours retrouvé par la suite, chaque fois que l’envie ou le hasard me faisaient retourner vers Claudel.
Avez-vous très vite envisagé de traduire en musique cet attachement personnel ?
Pendant plusieurs années – et je ne saurais le regretter aujourd’hui –, mes activités de composition ont été supplantées presque entièrement par mes responsabilités administratives. C’est ma rencontre avec Jean-François Gardeil qui m’a véritablement incité à me mettre à l’ouvrage. Tout d’abord pour une petite pièce, Masque, qui servait de prélude à une représentation de Dido and Aeneas. Puis, après ma retraite du Conservatoire National de Région et de l’Institut Supérieur des Arts de Toulouse, pour une création lyrique, avec le soutien de la municipalité, qui serait donnée dans l’enceinte de l’église Saint-Pierre-des-Cuisines, nouvellement restaurée en tant que salle de concerts. En prenant ses fonctions à la tête du Théâtre du Capitole, Christophe Ghristi s’est engagé à son tour, ce qui m’a permis, depuis trois ans et demi, de me consacrer entièrement à l’écriture de mon opéra.
Comment l’adaptation de la pièce, créée en 1912, remaniée en 1948, et définie comme un « mystère », s’est-elle faite ?
Jean-François Gardeil a écrit le livret, en opérant forcément plusieurs coupures, mais en respectant toujours le texte de Claudel. C’est lui, également, qui assurera la mise en scène du spectacle. Entre les deux actes prendra place un intermède, évoquant le souvenir de quelques morceaux de l’époque médiévale, puisque, je le rappelle, l’action de L’Annonce faite à Marie est contemporaine de l’épopée de Jeanne d’Arc. Cette ponctuation historique trouvera sa juste résonance dans l’interprétation que l’ensemble de cuivres anciens Les Sacqueboutiers apportera à la représentation. Se joindront à eux quelques instrumentistes (deux bois, quatre percussions, un quatuor à cordes, une contrebasse), tous placés sous la direction de mon fils, Pierre Bleuse. Le souci est d’accompagner les voix sans jamais les mettre en péril.