Du 1er au 13 juillet, le ténor argentin incarne Fenton, au Théâtre de l’Archevêché d’Aix-en-Provence, dans une nouvelle production de Falstaff, signée Barrie Kosky, avec Daniele Rustioni à la baguette et Christopher Purves dans le rôle-titre.
Alors qu’une nouvelle phase de déconfinement s’annonce et, avec elle, l’ouverture des lieux culturels, j’aimerais savoir comment vous avez vécu cette longue période d’arrêt et quel bilan vous en tirez…
Curieusement, cela n’a pas été si difficile à vivre, car, contrairement à beaucoup de mes collègues, j’ai réussi à travailler pendant cette période et n’ai été arrêté que trois mois, lors du premier confinement. J’ai eu la chance de pouvoir exercer mon métier et de retourner, entre deux engagements, à la campagne, où je vis ; cette situation inédite n’a donc pas été insupportable. Bien sûr, le fait de ne pas voir ma famille et mes amis comme d’habitude m’a manqué, mais sinon, nous avons su gérer cette parenthèse, ma femme et moi.
Ainsi, plusieurs de vos projets ont pu être maintenus…
Par chance, mes engagements prévus à Rome, à l’été 2020, ont pu être sauvés, au prix de quelques ajustements. Je devais participer à une version scénique de Die lustige Witwe, aux Thermes de Caracalla, mais c’est finalement en concert, au Cirque Maxime, que tout s’est terminé. Et The Rake’s Progress, annulé, a été remplacé par Zaide de Mozart. Quant à Pesaro, il a maintenu sa production d’Il barbiere di Siviglia, en novembre. J’ai donc presque tout le temps travaillé !
Beaucoup d’artistes ont déclaré que cette situation inédite leur avait permis de faire des choses qu’ils n’auraient jamais pu réaliser en temps normal. Est-ce votre cas ?
Oui, j’ai eu l’opportunité d’étudier Zaide, une vraie rareté, et cela m’a fait grand plaisir ! Par ailleurs, j’ai pu me pencher sur d’autres partitions, travailler ma technique et réfléchir à un projet de concert de musique argentine, que je voudrais faire avec guitare ou piano. Sans la pandémie, je n’aurais pas trouvé le temps de m’y consacrer.
Vous connaissez peut-être votre compatriote, Nahuel Di Pierro, qui s’adonne à cette pratique dès qu’il le peut…
Bien sûr, c’est un grand ami et je l’ai justement appelé, après avoir écouté son album de tangos, intitulé Anclao en Paris (Audax Records), qui est une réussite totale. Il est difficile d’aborder ce type de musique pour un chanteur d’opéra, car ce n’est pas lyrique, mais Nahuel y parvient merveilleusement. Je le lui ai dit. J’espère que nous pourrons, un jour, mettre en place un projet en commun, ténor et basse ; j’y pense depuis dix ans !