Le 17 novembre, une nouvelle production de 42nd Street conclura le mandat de Jean-Luc Choplin, inauguré avec Le Chanteur de Mexico, en septembre 2006. Représentations jusqu’au 8 janvier 2017, avant la fermeture du théâtre pour travaux, au printemps.
Plus qu’un projet, votre arrivée au Théâtre du Châtelet était la concrétisation d’un désir…
J’avais envie de retrouver ce qu’était le Châtelet dans l’inconscient collectif, un grand théâtre fait pour le bonheur de tous mais adapté au goût d’aujourd’hui. Cette salle a traversé une série de phases diverses, en conciliant à la fois des événements artistiques, comme les saisons des Ballets russes, et des spectacles satisfaisant le plus grand nombre, type Michel Strogoff ou Le Tour du monde en 80 jours. J’ai pensé que l’équivalent actuel de ces « féeries » pouvait être le « musical », enjeu artistique susceptible de se révéler économiquement intéressant, à condition d’y ajouter une dimension essentielle de nos jours, celle de l’événement et de la renommée internationale.
Votre souhait était de faire un théâtre à la fois populaire et sophistiqué, ce qui peut sembler paradoxal…
Je rêvais de marcher sur deux jambes : d’une part du grand spectacle, de l’autre des ouvrages plus rares, jamais ou presque montés à Paris, comme Nixon in China de John Adams ou les « -musicals » de Stephen Sondheim, Sweeney Todd, Sunday in the Park with George, Into the Woods… Je voulais aussi établir des liens avec d’autres disciplines artistiques : le cinéma, comme l’ont montré la création mondiale de The Fly d’Howard Shore, Singin’ in the Rain et An American in Paris, ou encore les arts plastiques. J’ai ainsi sollicité les plasticiens Pierrick Sorin pour La pietra del paragone de Rossini, Oleg Kulik pour les Vêpres de la Vierge de Monteverdi, Nicolas Buffe pour Orlando paladino de Haydn et Il re -pastore de Mozart… An American in Paris a triomphé à Broadway, après le Châtelet ; il doit partir en tournée à travers les États-Unis et se donner aussi à Londres. Notre production va donc vivre pendant des années ! Si j’ai pensé à Hollywood, je n’ai pas oublié son « frère » de Bombay, Bollywood, avec la Padmâvatî d’Albert Roussel, confiée à Sanjay Leela Bhansali, et A Flowering Tree de John Adams, dont le maître d’œuvre était un autre cinéaste indien, également compositeur, Vishal Bhardwaj.
De telles ambitions sont subordonnées aux moyens dont on dispose…
Cela revient effectivement très cher, raison pour laquelle j’ai cherché à monter des coproductions et des tournées internationales. Je me suis inspiré du modèle de Broadway, économiquement très efficace, qui veut qu’un spectacle soit exploité sur une longue durée et qu’il génère des royalties, celles-ci permettant ensuite de monter de nouvelles productions. J’ai essayé de le développer à notre niveau, sans jamais perdre de vue que les spectateurs doivent sortir du théâtre avec des étoiles plein les yeux.