Le 16 mai, Le Roi Arthus, unique opéra achevé d’Ernest Chausson et chef-d’œuvre absolu de l’opéra français, créé posthume à la Monnaie de Bruxelles, en 1903, sera pour la première fois représenté à l’Opéra National de Paris dans son intégralité.
Comment vous retrouvez-vous à mettre en scène Le Roi Arthus ?
On me l’a proposé, tout simplement ! Et cela m’a semblé une excellente idée, car c’est une œuvre très intéressante, surtout si elle est défendue, comme ce sera le cas à l’Opéra Bastille, par un chef tel que Philippe Jordan, et avec une distribution réunissant Sophie Koch, Roberto Alagna et Thomas Hampson… J’ai déjà travaillé avec ces deux derniers, et je me réjouis de les retrouver. La musique de Chausson m’était déjà familière par ses magnifiques mélodies. Quant au Roi Arthus, je ne l’ai jamais vu sur scène – il est si peu donné –, mais je l’ai déjà entendu en concert, et au disque, bien sûr. La musique en est magnifique, et l’intérêt porté au thème arthurien ne peut laisser indifférent. Reste une interrogation sur le véritable potentiel dramatique de l’œuvre… ce dont on ne peut vraiment se rendre compte qu’in situ !
Peut-être la direction de l’Opéra de Paris s’est-elle souvenue du magnifique King Arthur de Purcell que vous aviez mis en scène au Châtelet, il y a très exactement vingt ans… Y aura-t-il un rappel de l’esthétique flamboyante de ce spectacle dans Le Roi Arthus ?
Certainement pas ! Il est évident qu’un monde sépare la pièce joyeuse de Dryden et Purcell de l’œuvre de Chausson… King Arthur est une célébration païenne de l’Angleterre, qui se prête à une fête de couleurs. Rien de tel chez Chausson, qui se réapproprie le mythe -arthurien, et traite de façon très personnelle le personnage même d’Arthus. Ceci posé, bien qu’il donne son nom à l’opéra, ce dernier ne me paraît pas en être le protagoniste. À mon sens, il n’est même pas un vrai personnage ; c’est plutôt une idée, une espèce de symbole.
-
Lire la suite dans Opéra Magazine numéro 106