Le 20 février, la compositrice espagnole propose La ciudad de las mentiras (La Cité des mensonges) sur la scène du Teatro Real. Une commande du regretté Gerard Mortier, sous-titrée « théâtre musical en quinze scènes », sur des textes de l’écrivain uruguayen Juan Carlos Onetti.
Vous avez un parcours artistique singulier. Née à Séville, vous avez commencé des études musicales (piano et composition) en Espagne, puis avez poursuivi votre formation en Allemagne. Pourquoi ce choix ?
J’ai trouvé en Allemagne des conditions d’études favorables à la créativité. Je vis à Berlin depuis plusieurs années ; j’y occupe la chaire de composition et de musique expérimentale à l’Universität der Künste (Université des Arts). En 2010, mon pays natal m’a décerné le « Premio Nacional de Musica » (« Prix National de Musique »), une première pour une compositrice espagnole !
Vous avez une prédilection pour la musique de chambre, mais l’opéra vous occupe beaucoup. Comment ce goût pour l’art lyrique est-il né ?
J’ai découvert l’opéra enfant et, d’emblée, j’ai été fascinée par cette façon de raconter une histoire, dont la musique constitue le matériau même. La fascination a perduré, au point de me pousser à me confronter au genre lyrique.
Niebla, votre premier opéra, en 2007, a-t-il été une expérience enrichissante en vue de la composition de La ciudad de las mentiras ?
L’aventure expérimentale de Niebla a nourri la composition de ce second ouvrage, commandé par Gerard Mortier. Grâce à Niebla, j’ai appris à travailler en équipe avec un metteur en scène, en l’occurrence Matthias Rebstock. Nous avons approfondi une méthode novatrice, pour développer une plus grande interaction entre les éléments de la représentation : musique, texte, action scénique et décor. Au Teatro Real, nous adapterons cette pratique à l’espace d’un théâtre de 1 800 places, en réunissant, de la même manière que pour Niebla, acteurs, chanteurs et instrumentistes sur la scène.