Après Rigoletto et Lohengrin, le metteur en scène allemand revient à la Bastille pour une nouvelle production de La Bohème, le 1er décembre. Puis, le 13 janvier, il reprend, au Palais Garnier, sa mise en scène de Jephtha, coproduite avec le Nationale Opera d’Amsterdam.
Avez-vous volontairement évité les titres les plus populaires du répertoire lyrique jusqu’à ce que Stéphane Lissner vous confie Rigoletto, puis La Bohème, à l’Opéra National de Paris ? Ou bien personne ne vous les avait-il proposés ?
Au terme de notre collaboration à la Scala, nous avons réfléchi, Stéphane Lissner, Ilias Tzempetonidis, le directeur du casting, et moi, à des projets pour l’Opéra de Paris. Pourquoi ne pas proposer une vision neuve de certains piliers du répertoire ? J’ai d’abord été très sceptique, particulièrement pour La Bohème. Je les ai avertis de ma volonté de donner corps aux images que m’inspirait la partition, l’une des meilleures que je connaisse, plutôt que de raconter encore l’histoire de façon conventionnelle. Cela ne les a pas dissuadés. Et voilà, nous y sommes !
De quoi cet opéra traite-t-il ? D’art, d’amour, de jeunesse, d’illusions perdues, de Paris à Noël ?
J’ai commencé par de longues promenades en solitaire, avec La Bohème dans les oreilles, en me laissant guider par mon intuition, pour voir quel genre d’images me venait. Je procède beaucoup de cette manière, à partir de la musique plutôt que du texte. J’ai perçu un paysage sonore très vaste, tout en ressentant une grande mélancolie. Durant la phase de préparation de ma mise en scène, la lecture de Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger a provoqué un déclic. Au dernier chapitre, les personnages, un peu plus âgés, bien établis, embourgeoisés, reviennent sur leur passé. L’idéalisation de la jeunesse est reflétée par la structure même du roman. Cela m’a beaucoup inspiré, de même que les commentaires de Rodolphe, où s’exprime la conscience que ses camarades et lui ne vivront plus jamais un Noël comme celui-ci, indépendamment de son histoire avec Mimi.