Jusqu’au 16 mars, la mezzo française, par ailleurs l’une des meilleures récitalistes de sa génération, incarne Mercédès dans la nouvelle production de Carmen au Covent Garden de Londres, mise en scène par Barrie Kosky.
Adèle Charvet aime les mots. Ceux des mélodies et des lieder qu’elle cisèle en duo avec le pianiste Florian Caroubi. Ensemble, depuis leur rencontre en 2015, à l’occasion du Concours « Nadia et Lili Boulanger », ils explorent le répertoire intime des grands maîtres des XIXe et XXe siècles (Schubert, Brahms, Wolf, Debussy, etc.), lors des nombreux récitals qu’ils donnent.
L’acquisition du langage n’est pourtant pas aisée pour la petite fille, qui grandit à New York. Son père, Pierre Charvet, est alors professeur de composition à la Manhattan School of Music. L’anglais et le français se bousculent dans sa tête et elle ne parle que tardivement. « Je chantais avant de parler, confie-t-elle, mon père nous apprenait, à ma sœur et à moi, des chansons de Supertramp, des Beatles et de Bob Marley. »
La jeune femme conserve, de ces années américaines qu’elle dit fondatrices, des souvenirs très vifs, terreau d’une vocation musicale qui ne s’est jamais démentie. À 5 ans, c’est le retour en France, et l’intégration, un an plus tard, dans la chorale de Claire Marchand, au Conservatoire du 13e arrondissement, à Paris. L’enfant rejoint ensuite la Maîtrise de Radio France, où elle demeure du CM1 à la 6e.
Si elle salue ces années très formatrices, Adèle Charvet reconnaît que le rythme exigeant et la discipline de l’ensemble ne correspondaient pas à la petite fille qu’elle était, encore trop vive et un peu dissipée. Elle retourne donc dans son ancienne chorale, où elle s’épanouit davantage. À l’adolescence, elle entre au lycée Racine, en horaires aménagés, et est admise au Jeune Chœur de Paris, au sein du CRR de la rue de Madrid. « Je me sentais dans mon élément, entourée de musiciens », explique-t-elle. Elle y restera jusqu’à ses 21 ans.
Si elle apprend le piano durant ses années à la Maîtrise de Radio France, et joue de l’ukulélé dans un groupe de jazz qu’elle a créé au lycée, son instrument reste la voix : « J’aime les choses qui me font du bien, ce qui est le cas du chant, ma véritable passion. » Pas d’hésitation, donc, au moment de choisir son orientation après le bac. « Même si j’étais plutôt bonne élève dans toutes les disciplines, je me suis dit que la musique était le domaine où je pouvais exceller. Mon père s’y attendait depuis mon enfance, j’étais un moulin à chansons ! »