Le 27 avril, le rideau se lèvera sur une nouvelle production du dernier opus wagnérien, la sixième dans l’histoire de l’Opéra de Paris, depuis la création de l’ouvrage au Palais Garnier, le 4 janvier 1914, en traduction française. Signée Richard Jones, elle sera dirigée par Philippe Jordan, avec Andreas Schager dans le rôle-titre, qui aura la lourde tâche de succéder à quelques ténors de légende : Paul Franz, Lauritz Melchior, Georges Thill, James King, Jon Vickers…
Créé au Festspielhaus de Bayreuth, le 26 juillet 1882, Parsifal connaît sa première française sur la scène de l’Opéra de Paris, le 4 janvier 1914, dans une traduction d’Alfred Ernst et sous la direction musicale d’André Messager. Paul Stuart se charge de la mise en scène, dans des décors répartis, selon les usages de l’époque, entre Eugène Martial Simas (pour le I et le III) et René Rochette (pour le II), les costumes portant la griffe de Joseph Porphyre Pinchon.
Les codirecteurs de l’Opéra, André Messager et Leimistin Broussan, ont auparavant conclu, avec les représentants de la famille Wagner, un contrat d’exclusivité daté d’août 1912, pour la première représentation en langue française de l’ouvrage, leur souhait étant au moins d’égaler, sinon de dépasser au plan artistique, la production proposée au Festspielhaus depuis 1882. C’est compter sans l’entreprenant Raoul Gunsbourg, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, qui, sans concertation préalable avec Bayreuth, annonce pour l’hiver 1913 un Parsifal en français ! Le scandale est énorme, et le « coupable » traîné dans la boue, notamment par la presse d’extrême-droite, du fait de ses origines juives. Mais Cosima Wagner et son fils, Siegfried, parviennent à faire avorter le projet en dernière minute, grâce à l’appui du prince Albert Ier de Monaco.
La création de Parsifal constitue l’événement artistique le plus marquant de l’ère Messager/Broussan à l’Opéra de Paris. La distribution réunit Lucienne Bréval (Kundry), remplacée par Marcelle Demougeot à partir de la troisième représentation, Paul Franz (Parsifal), Louis Lestelly (Amfortas), Francisque Delmas (Gurnemanz), Marcel Journet (Klingsor), André Gresse (Titurel) et Yvonne Gall (Première Fille-Fleur). Le succès est considérable mais, du fait du déclenchement de la Première Guerre mondiale, six mois plus tard, il faudra attendre dix ans avant de revoir le dernier opéra de Wagner au Palais Garnier. Dans l’intervalle, les difficultés financières rencontrées par les deux directeurs auront marqué l’arrêt de leur privilège, à l’été 1914, Jacques Rouché leur succédant à la tête de la maison.