Inauguré en 1862, avec une représentation de La Juive, l’un des plus grands théâtres d’opéra de France (mille trois cent vingt-neuf places assises) a considérablement évolué depuis l’arrivée de Claude-Henri Bonnet à sa tête : répertoire plus diversifié, saison de concerts symphoniques, ouverture à de nouveaux publics… En conclusion d’une saison lyrique 2014-2015 marquée par les créations in loco de Katia Kabanova et Giulio Cesare, Giuliano Carella, directeur musical de l’Opéra, sera au pupitre de Simon Boccanegra, à partir du 17 mai.
Quel était le statut de l’Opéra de Toulon avant votre arrivée ?
J’ai été nommé en septembre 2002, et j’ai pris mes fonctions le 1er janvier 2003. À l’époque, l’Opéra n’était pas un service public ; il fonctionnait encore sous le régime de la concession, c’est-à-dire qu’il était en fait une entreprise commerciale, dont le directeur avait pour but de rentabiliser son affaire. Ce n’est pas le moyen de proposer des spectacles de qualité et encore moins des créations, puisque la création se paie et ne se rentabilise pas !
Quelle situation avez-vous trouvée ?
À mon arrivée, les problèmes sociaux étaient innombrables en considération du Code du travail. J’avais été pendant deux ans adjoint à la Culture aux côtés du maire, Hubert Falco ; je connaissais donc déjà la situation. L’urgence, c’était de réintégrer l’Opéra au sein des services publics. Ce qui a été fait en 2004, sous la forme d’un Établissement public de Coopération culturelle (EPCC), et sous le nom d’Opéra de Toulon Provence Méditerranée (TPM). Les deux partenaires de tutelle sont la Communauté d’agglomération et le Conseil général du Var ; comme pour tous les directeurs d’EPCC, mon mandat est de trois ans renouvelables. Le maire de Toulon, président de TPM, avait pris comme engagement de ne licencier personne et nous avons tenu sa promesse. Aujourd’hui, nous disposons toujours d’un orchestre dont la base est de trente et un musiciens, et d’un cadre de chœur de vingt-six personnes.
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Vous souvenez-vous de vos débuts à Toulon ?
Je m’en souviens très bien ! C’était en 1989, et le directeur de l’époque, Guy Grinda, m’avait demandé pour Andrea Chénier. Ma carrière de chef lyrique avait commencé à Dijon, trois ans auparavant, grâce à Pierre Filippi, qui était en panne pour Il trovatore. En Italie, je dirigeais le répertoire symphonique, mais j’avais déjà été engagé comme attaché artistique aux Arènes de Vérone, et je préparais l’orchestre pour Nello Santi, Maurizio Arena, Gianluigi Gelmetti…
Comment votre premier contact avec l’orchestre toulonnais s’est-il passé ?
Dès le départ, cela a marché entre nous. Je suis fier du chemin parcouru avec lui, dans l’amour de la musique et dans des relations humaines exceptionnelles. Je me suis d’emblée senti à l’aise dans cette maison, si bien que je n’ai pas hésité, lorsque Claude-Henri Bonnet m’a demandé d’être son directeur musical. C’est important de travailler dans une atmosphère chaleureuse, enthousiaste. On dit que les orchestres français sont difficiles, mais depuis trente ans que je les fréquente, je ne suis pas du tout de cet avis !
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