La principale compagnie d’opéra australienne, dont les origines remontent aux années 1950, répartit ses activités entre les deux plus grandes villes du pays : Sydney et Melbourne. Lyndon Terracini, son directeur artistique, nous explique son mode de fonctionnement et les principales orientations de sa programmation.
L’Opéra de Sydney (Sydney Opera House), bâtiment futuriste imaginé par l’architecte danois Jorn Utzon, est connu dans le monde entier comme le symbole même de la ville. Mais quel est son public ? Des habitués, des touristes, des Australiens de la périphérie qui font le déplacement…
Je pense pouvoir vous répondre, sans me tromper, qu’environ 30 % de nos spectateurs sont des touristes, car notre ville est très attractive et fortement visitée !
Avant d’être nommé directeur artistique d’Opera Australia, qui joue à la fois à Sydney et à Melbourne, vous avez été, pendant plusieurs années, baryton. Peut-on dire que votre parcours est atypique, ou plutôt traditionnel ?
J’ai eu la chance de pouvoir réaliser beaucoup de choses, tout au long de ma carrière. À ce titre, je considère mon passage de chanteur à directeur artistique comme une évolution tout à fait naturelle. En occupant ces nouvelles responsabilités, j’ai pu connaître le métier de l’intérieur et être confronté au travail quotidien d’une maison d’opéra. À un certain moment de mon apprentissage, j’ai souhaité développer ma technique vocale ; je rêvais de me produire dans les plus grands théâtres du monde, c’est pourquoi je suis parti en Europe, en Italie précisément, où j’ai vécu très heureux pendant quelques années. L’histoire a pourtant voulu que je rentre en Australie, pour différents motifs personnels ; le temps était probablement venu de m’installer définitivement dans mon pays natal, pour passer à la vitesse supérieure et débuter une nouvelle vie.
Selon vous, quelles sont les qualités indispensables pour exercer le métier de directeur artistique ?
Il est nécessaire de posséder un sens de la fantaisie développé, il faut aussi avoir de bonnes connaissances musicales et des dispositions aux formes artistiques qu’elles génèrent. On doit évidemment connaître le microcosme lyrique dans ses moindres recoins, car pour réaliser une production, il faut être en mesure d’assembler une multitude d’éléments indispensables. Un directeur artistique doit posséder des notions musicales, vocales et techniques, mais également ne pas ignorer les lois du marché, être capable de jongler avec le « fundraising » et savoir comment traiter tous ces paramètres pour éviter les catastrophes.
Comment construisez-vous vos saisons ? Par thèmes, par cycles, selon vos envies…
Il est absolument vital de trouver l’équilibre parfait à chaque nouvelle saison. Ce partage peut être totalement différent d’une année sur l’autre, mais nous devons impérativement veiller à la meilleure répartition. Il est également essentiel de bien comprendre la culture propre aux deux villes pour lesquelles nous travaillons, qui sont aussi les deux plus importantes d’Australie – Sydney, capitale de la Nouvelle-Galles du Sud, et Melbourne, capitale du Victoria. C’est ce qui explique pourquoi les programmes que nous concevons peuvent radicalement changer selon les maisons : l’Opera House, à Sydney, et l’Arts Centre, à Melbourne, n’ont pas la même histoire et ne se ressemblent pas.