Le 17 janvier, le rideau de l’Opéra se lèvera sur une nouvelle production de La Chauve-Souris, second titre, après Le Freyschütz, de la première saison entièrement conçue par Marc Adam. Le nouveau directeur artistique ne cache pas son ambition de renouer avec les heures de gloire d’une maison secouée par une longue crise, entre 2009 et 2012.
Lorsque vous avez quitté Rouen, il y a quinze ans, vous êtes parti en Allemagne. Pourquoi cette décision ?
Ce départ avait deux raisons. D’abord, avant de venir en Normandie, j’avais déjà travaillé à l’étranger. Ensuite, après avoir pratiqué, pendant plusieurs années, le système de stagione, j’avais envie de retrouver les troupes et le système du répertoire. Je souhaitais que, cette fois, mon expérience hors de France soit longue. Je suis donc resté près de huit ans à Lübeck, puis cinq en Suisse alémanique, à Berne, où la manière de faire est comparable à celle de l’Allemagne et de la plupart des pays de l’Est.
Les différences avec la France sont-elles grandes ?
Le rapport avec le public y est différent ; à Lübeck, par exemple, nous recevions 180 000 spectateurs par saison, avec une subvention à peu près égale à celle qui m’est allouée à Nice.
Pourquoi, aujourd’hui, ce retour en France, et pourquoi à l’Opéra de Nice-Côte d’Azur ?
Parce que, à la fin de mon contrat en Suisse, j’ai souhaité retrouver mon pays ! L’Opéra de Nice fait partie des maisons intéressantes, que j’appelle « intégrées », c’est-à-dire qui disposent de leurs forces propres : orchestre, chœurs, ateliers de fabrication de décors et de costumes. On peut donc forger à ce théâtre une véritable identité. J’ai répondu à l’appel à candidature qui était lancé, au final j’ai été reçu par un jury dans lequel siégeait, entre autres, Jean-Jacques Aillagon, et j’ai été choisi.
Quelle est exactement votre fonction ?
Je suis directeur artistique ; j’ai donc, notamment, la responsabilité du planning, des titres qui seront retenus et des distributions. Philippe Auguin est directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Nice, et aussi du Washington National Opera, et Éric Vu-An, directeur artistique du Ballet de Nice-Méditerranée.
Cette nouvelle saison 2013-2014 est-elle la vôtre ?
Entièrement. Je suis arrivé en novembre 2012. Philippe Auguin avait déjà établi sa programmation symphonique, et nous allons faire en sorte de parvenir à une coordination de plus en plus grande au fil des ans. J’ai eu vraiment peu de temps pour préparer ma saison, ce qui explique qu’elle ne comprend que cinq ouvrages lyriques, compte tenu du budget qui restait sur 2013. Nous n’avons ouvert qu’en novembre, avec Le Freyschütz. Après La Chauve-Souris, ce mois-ci, suivront Semele en février, Adriana Lecouvreur en mars et Dreyfus, écrit par Michel Legrand, en mai-juin.
Êtes-vous à l’origine de la création mondiale de Dreyfus ?
Pas du tout. C’est un projet qui date de plusieurs années. Je savais que la partition était composée mais pas orchestrée, et j’avais eu en mains le livret de Didier van Cauwelaert, que je trouvais excellent. J’ai vu aussi là une possibilité de collaborer avec le Théâtre National de Nice/Centre Dramatique National Nice-Côte d’Azur ; Daniel Benoin, son ancien directeur, assurera la mise en scène, et j’espère faire venir dans notre salle tout un public nombreux qui ne la fréquente pas et qui ne connaît peut-être pas l’opéra. Stratégiquement, c’est le bon moment pour présenter cette œuvre chez nous.
La partition est-elle terminée ?
Michel Legrand est en train d’achever l’orchestration, et la distribution n’est pas finalisée. Au départ, il avait pensé à une petite formation, mais a ensuite opté pour un orchestre d’une cinquantaine de musiciens. Michel a écrit, il y a peu, un ballet, Liliom, qui a été créé par John Neumeier à Hambourg ; c’était magnifique !