1 DVD Cmajor 805308 & 1 Blu-ray CM 805404
Créée au Teatro Lirico de Milan, en 1900, avec Rosina Storchio dans le rôle-titre, sous la baguette d’Arturo Toscanini, Zazà est essentiellement connue, de nos jours, grâce à quelques enregistrements discographiques. Le dernier en date, chez Opera Rara, avait déçu par sa froideur excessive, qui tournait délibérément le dos à ce que l’on appelle communément les « excès du vérisme » (voir O. M. n° 119 p. 79 de juillet-août 2016).
Dans ce DVD, filmé au Theater an der Wien, en septembre 2020, la mise en scène de Christof Loy change tout, en modernisant l’intrigue, en la débarrassant, dans les décors comme dans les costumes, de tout ce qui la rattache à la « Belle Époque ». L’attention se porte désormais sur le jeu de vérités et de mensonges auquel se livrent les deux protagonistes, la théâtreuse et son amant. La réalisation de Tiziano Mancini permettant de suivre au plus près l’évolution de leur relation passionnelle, on ne peut qu’admirer la vérité et la précision de la direction d’acteurs.
Par sa présence physique, par son jeu, par sa voix, la soprano russe Svetlana Aksenova répond parfaitement aux exigences de la production. On joue, on vit, on rêve et on souffre avec sa Zazà, en notant au passage combien son chant sait être juste.
Nikolai Schukoff lui répond avec ardeur, mais il faut bien reconnaître que, dans ce répertoire, l’excellent ténor autrichien n’évolue pas dans son élément naturel. Christopher Maltman et Enkelejda Shkosa réussissent, sans trop forcer le trait, à donner du relief à chacune de leurs interventions, comme tous les comprimari qui les entourent.
À ce beau travail d’ensemble, très séduisant d’un point de vue strictement théâtral, s’ajoute la qualité de la direction musicale de Stefan Soltesz. À ceux qui en douteraient encore, le chef austro-hongrois apporte la preuve que cette musique n’a rien de facile, de vulgaire, ni de racoleur.
Tout autant, et plus encore peut-être que Pagliacci, Zazà montre quel compositeur savant et sensible était Leoncavallo.
PIERRE CADARS