Opéras Tosca voyage de Nancy à Toulon
Opéras

Tosca voyage de Nancy à Toulon

12/10/2022
© Frédéric Stéphan

Opéra, 7 octobre

Créée à Nancy, en juin dernier (voir O. M. n° 185 p. 71 de septembre 2022), la Tosca mise en scène par Silvia Paoli investit l’Opéra de Toulon – l’un de ses trois coproducteurs, avec Angers-Nantes et Rennes –, dans une distribution totalement renouvelée, à une exception près. On reconnaît, comme notre collègue Mehdi Mahdavi, des qualités esthétiques et d’inventivité à ce travail – on apprécie, en particulier, une certaine « mise en abyme » de la théâtralité (avec les jeux d’ombres dans le duo du I, ou le tableau vivant du « Te Deum »), et de belles réussites visuelles.

En revanche, certains choix de direction d’acteurs peinent à convaincre dans cette reprise. Non qu’ils ne soient pas pertinents, mais leurs interprètes tombent ici dans la caricature : soldats-danseurs plus burlesques que menaçants, cardinaux se goinfrant à la table de Scarpia, sans parler de ce dernier se masturbant devant une jeune novice…

Heureusement, le baryton polonais Daniel Miroslaw (déjà présent à Nancy) confirme qu’il a l’étoffe d’un très bon Scarpia : d’une maîtrise vocale impeccable, il promène une silhouette longiligne et menaçante qui parvient à impressionner, malgré sa jeunesse. Cet investissement scénique est d’autant plus appréciable que Silvia Paoli fait du personnage une figure christique, dont Daniel Miroslaw assume pleinement les traits.

En Tosca, Ewa Vesin vient remplacer Keri Alkema, annoncée souffrante, quelques jours avant la première. La soprano polonaise allie une voix acérée, très puissante, à une belle finesse de jeu. Elle ne surjoue pas la tragédienne, mais en fait, au contraire, apparaître la dimension plus intime – ce qui ne l’empêche pas, lors du meurtre de Scarpia, d’apparaître impérieuse, en pleine maîtrise de ses actions.

Au fil de la représentation, le Cavaradossi de Riccardo Massi gagne en relief, la voix trouvant le brillant et la projection qui lui manquaient au début. Le jeu mériterait, en revanche, d’être plus fouillé, bien que le ténor italien parvienne à émouvoir, lors de beaux adieux à Tosca.

Le Spoletta de Vincent Ordonneau et le Sciarrone de Florent Leroux-Roche remplissent très bien leur fonction de sbires, et on mentionnera le Sacristain de Frédéric Goncalves et l’Angelotti de François Lis, qui assurent une entrée en matière efficace. Le Chœur et la Maîtrise de l’Opéra de Toulon offrent, quant à eux, un son lumineux et une diction claire.

Dans la fosse, Valerio Galli dirige une œuvre qu’il connaît bien et dont il propose une lecture sans effusions excessives. On pourrait souhaiter encore plus de souplesse dans les phrasés, plus de cantabile dans les pages les plus lyriques, mais l’Orchestre de l’Opéra de Toulon accompagne fort bien le drame.

CLAIRE-MARIE CAUSSIN


© Frédéric Stéphan

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