Opéras Tosca change de têtes à Paris
Opéras

Tosca change de têtes à Paris

28/10/2022
© Opéra National de Paris/Vincent Pontet

Opéra Bastille, 20 octobre

Créée à l’Opéra Bastille, il y a huit ans, cette production de Pierre Audi, reprise depuis le 3 septembre dernier (voir O. M. n° 187 p. 49 de novembre 2022), poursuit sa longue série de représentations, avec de nouveaux interprètes pour les trois rôles principaux, les excellents comprimari ne changeant pas.

Souffrant, en ce jeudi 20 octobre, Gerald Finley, dont on attendait beaucoup en Scarpia, laisse la place à Ambrogio Maestri, arrivé le jour même de Barcelone, où il répète Il trittico (Michele dans Il tabarro et Gianni Schicchi). Sa majestueuse apparition, au I, avec sa haute et imposante silhouette, ne donne pas forcément le frisson. Elle augure plutôt d’un Scarpia subtil, sournois, au visage toujours en mouvement, passant par toutes les étapes de la cruauté et du désir. Au II, il semble jouer avec Tosca, comme un chat avec une souris, certain d’obtenir les faveurs qu’il recherche.

Vocalement, l’artiste s’inscrit dans la haute lignée des barytons d’école italienne, dans le plein respect du texte. Le volume est suffisant, avec une noblesse de ton qui ajoute encore à la perversité du personnage.

Ambrogio Maestri trouve en Elena Stikhina, déjà Tosca lors d’une précédente reprise, en 2019, une partenaire de choix. La soprano russe, très belle et naturelle en scène, a beaucoup approfondi sa conception du rôle. L’instrument s’est également peaufiné, sonnant plus lumineux, avec un timbre presque crémeux : son « Vissi d’arte », magnifiquement conduit, révèle une excellente musicienne, pleine de sensibilité.

Brian Jagde campe un Cavaradossi d’une grande solidité, plus à l’aise dans les éclats (« Vittoria ! Vittoria ! ») que dans les épanchements mélancoliques ou amoureux, avec un timbre manquant un peu d’italianité pour pleinement satisfaire. Pour autant, le ténor américain apparaît généreux et vaillant, avec même une tendance à tenir la note plus longtemps que nécessaire.

Succédant à Gustavo Dudamel, le chef chilien Paolo Bortolameolli débute à l’Opéra National de Paris. Portant une attention particulière aux chanteurs, il déploie un vrai souffle dans la fosse, sans aucun temps mort, ni relâchement. Des premiers pas plus que convaincants, qui, espérons-le, lui vaudront d’autres invitations dans la maison.

JOSÉ PONS


© Opéra National de Paris/Vincent Pontet

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