Opéras Rigoletto à Paris
Opéras

Rigoletto à Paris

21/05/2025
George Gagnidze, Seray Pinar et Slávka Zámečníková. © Opéra National de Paris/Benoîte Fanton

Deuxième série de la reprise, cette saison (voir O. M. n° 209 p. 68 de février), de la production de 2016, avec une distribution nouvelle pour les rôles principaux. On attendait avec curiosité la Gilda de la Slovaque Slávka Zámečníková, découverte à Bastille dans son éblouissante Musetta de mai 2023 (voir O. M. n° 193 p. 67 de juin 2023). C’est de fait la même pureté transcendante d’aigus immaculés, une impeccable sûreté dans la vocalise, un style irréprochable. Très belle, élancée et de haute taille, l’actrice apparaît d’abord comme la flamme vive et légère qu’on pouvait espérer. Faisant souhaiter pourtant plus de naturel dans le jeu, mais avec ensuite une chaleur plus grande et une magistrale performance dans le II et le III, jusqu’à des dernières scènes vraiment enthousiasmantes.

Dmitry Korchak, de retour dans le rôle après sa prestation de 2021 (voir O. M. n° 178 p. 68 de décembre-janvier 2021-2022), surprend d’emblée par une émission presque forcée, où l’on cherche parfois la qualité de phrasé antérieure. Pour autant, la beauté solaire du timbre est toujours là, comme l’assurance insolente en scène, avec des aigus déployés sans mesure qui enthousiasment la salle, mais rendent le personnage peut-être moins attachant que celui de Liparit Avetisyan en décembre dernier.

George Gagnidze, vétéran de son rôle fétiche dont il assume magistralement la personnalité, avec une intelligence exemplaire – bien qu’un peu aux dépens de son versant comique – s’investit admirablement dans sa lourde partie : annoncé souffrant à la première, remis à la seconde, sans marque sensible de l’âge, et malgré une voix parfois un peu rocailleuse, il atteint souvent à l’émotion, jusqu’à un final sans défaillance, particulièrement poignant.

On passera plus vite sur le Sparafucile monumental et noir à souhait mais très caverneux d’Alexander Tsymbalyuk pour saluer le beau et très personnel mezzo de la Maddalena de Justina Gringytė (déjà présente en 2021), à côté des bons comprimari reconduits, hors l’excellent nouveau Monterone de Daniel Giulianini – qui n’a pas tout à fait l’éclat de celui de Blake Denson – et la jolie Giovanna de la mezzo Seray Pinar, qui vient d’intégrer la Troupe lyrique de l’Opéra National de Paris.

Enfin, à côté des chœurs toujours aussi exemplaires conduits par Alessandro Di Stefano, la révélation a été pour nous la première prestation à l’ONP du jeune chef italien Andrea Battistoni (né en 1987), d’un investissement ardent de tous les instants : la salle lui fait un triomphe personnel mérité, comme à l’ensemble du plateau.

FRANÇOIS LEHEL

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