Opéras Reprise réussie de Don Giovanni à Paris
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Reprise réussie de Don Giovanni à Paris

07/02/2022

Opéra Bastille, 1er février

Créé au Palais Garnier, en juin 2019 (voir O. M. n° 153 p. 64 de septembre), c’est désormais à l’Opéra Bastille que l’on peut voir Don Giovanni, dans la mise en scène d’Ivo van Hove. On y retrouve son lourd décor en béton, peu modulable, qui a pourtant le mérite de permettre aux personnages de se perdre dans son dédale de portes et d’escaliers.

Ce qui frappe surtout, dans cette reprise, ce sont les nombreuses faiblesses de la direction d’acteurs, qui ne nourrit pas les personnages, à l’exception de quelques moments intéressants (l’assassinat du Commandeur, la mort de Don Giovanni). Les postures sont souvent vides de sens, et les chœurs, vocalement alertes, paraissent livrés à eux-mêmes. Dès lors, l’efficacité dramatique de la production repose presque exclusivement sur les épaules de la distribution.

Celle-ci, fort heureusement, est à la hauteur de la tâche, avec, en premier lieu, le Don Giovanni flamboyant de Christian Van Horn : l’élégance un peu froide du personnage, au I, gagne bientôt en relief et en noirceur, pour une incarnation sobre, mais habitée. À ses côtés, Krzysztof Baczyk est un Leporello vocalement raffiné, ne donnant jamais dans la farce, tandis qu’Alexander Tsymbalyuk offre un Commandeur de grande autorité.

Si Mikhail Timoshenko, comme en 2019, convainc par le naturel de sa diction et de son jeu en Masetto, Pavel Petrov et Christina Gansch ont plus de mal à s’imposer. Cette dernière bénéficie, heureusement, du duo Zerlina/Leporello (« Per queste tue manine »), au II, pour révéler davantage de son tempérament scénique. Don Ottavio, en revanche, reste le personnage un peu falot auquel on le réduit trop souvent, ce qui n’aide pas Pavel Petrov à briller sur le plan vocal.

Les plus belles performances de la soirée restent celles d’Adela Zaharia et de Nicole Car (déjà présente, en 2019). Le timbre corsé de la première, ainsi que la profondeur de son interprétation, en font une Donna Anna de caractère, notamment dans un remarquable « Or sai chi l’onore ». Nicole Car, quant à elle, possède tous les atouts pour Donna Elvira, un rôle qu’elle connaît bien. Toute d’élégance vocale, elle traverse sans heurt les obstacles, en évitant toute forme de ridicule ou d’excès.

La direction de Bertrand de Billy participe à la réussite musicale de la représentation. Certes, on note quelques décalages et des couacs regrettables chez les cors, mais le chef français souligne particulièrement bien les interventions des vents et des cuivres, si caractéristiques de l’ouvrage. Une lecture raffinée, qui gagne, au II, la densité attendue.

CLAIRE-MARIE CAUSSIN


© OPÉRA NATIONAL DE PARIS/VINCENT PONTET

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