Opéras Orphée aux Enfers à Toulouse
Opéras

Orphée aux Enfers à Toulouse

06/02/2025
© Mirco Magliocca

Théâtre du Capitole, 24 janvier  

Créée en 2023, coproduite avec Tours et Lausanne, la production d’Olivier Py mérite largement cette reprise. Partageant l’enthousiasme de Bruno Villien (voir O.M. n° 199 p. 71 de février 2024), on ne cesse de s’émerveiller devant une verve et une virtuosité de tous les instants. Dans ce mixte bien équilibré des versions de 1855 et 1874, et nonobstant le passage de ses thèmes favoris (la figure de la Mort, notamment, contrepointée un temps par les tableaux de Jérôme Bosch), Olivier Py réussit « l’opéra-fantaisie » voulu par Offenbach, spectacle beaucoup plus ambitieux que le simple « opéra-bouffon » initial. Ces ballets, notamment, sont parfaitement exécutés par dix danseurs très performants, dans la toujours pertinente chorégraphie d’Ivo Bauchiero. Un plateau de tout premier ordre défend admirablement cette option.

Seule reconduite de production lausannoise, Marie Perbost, toujours belle en scène, continue de tenir l’ensemble par une prestation d’un abattage étourdissant, la voix ayant peut-être encore gagné en plénitude, avec des aigus presque trop éclatants, mais un sens de la nuance qui lui donne toute son élégance, à l’image de « La mort m’apparaît souriante », au I. Mentionnons également les non moins brillantes Diane d’Anaïs Constans, Vénus de Marie-Laure Garnier, la Junon très distinguée de Céline Laborie, le pétillant Cupidon de Julie Goussot, agile et lyrique à la fois, et le mezzo singulier et richement timbré de L’Opinion publique d’Adriana Bignagni Lesca.

Chez les hommes, deux acteurs, qu’on a parfois vus à la limite du surjeu, sont au mieux de leurs emplois : l’infatigable Orphée de Cyrille Dubois et le Pluton musclé de Mathias Vidal. Le Jupiter de Marc Scoffoni est également très habile dans les évolutions d’une Mouche promenée dans les cintres, au III, et Rodolphe Briand, rompu à ce type de rôle, n’en est pas moins persuasif dans celui de John Styx. Remarquable encore, la capacité de tous à passer du parlé au chanté avec une égale qualité de diction. Cerise sur le gâteau, la première prestation in loco de la jeune cheffe Chloé Dufresne, qui fait briller orchestre et chœurs du Capitole. La salle comble de la première fait un triomphe prolongé à l’ensemble pendant la reprise obligée du Cancan final, auquel Olivier Py s’associe de bon cœur. On souhaiterait vivement un DVD qui permettrait de faire contrepoids à la production plus monocorde de Barrie Kosky pour Salzbourg, en 2019 (Unitel Edition)…

FRANÇOIS LEHEL

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