1 CD Chandos CHAN 20338
Ne pas se laisser dérouter par le visuel de la pochette, qui pourrait faire croire à un disque « décalé », alors qu’en fait il offre un fort intéressant programme de mélodies rares, tchèques et slovaques ! L’élément principal (37 minutes) est constitué par les 18 numéros du cycle Cyprès (Cypřiše) de Dvořák, ouvrage de jeunesse (1865) auquel le compositeur tenait puisqu’il l’a révisé à diverses reprises. S’y déploient son fameux sens mélodique ainsi que des parties de piano d’une belle invention. Nicky Spence y montre une voix robuste au timbre dense, trouvant aisément les élans plus dramatiques de la seconde partie du recueil, avec cependant une certaine tendance à l’engorgement, notamment dans un aigu puissant – on entend bien qu’il chante aussi Siegmund – mais pas toujours très beau.
Plus sans doute que dans ce romantisme classique, le ténor écossais, très réputé comme spécialiste des opéras de Janáček, donne le meilleur dans la modernité du XXe siècle qui occupe le reste du disque : les Scènes villageoises (Dedinské scény, 1924) de Bartók, six pièces en langue slovaque témoignant de la passion du compositeur hongrois pour les chants populaires, pleines d’énergie et de caractère, avec cris et onomatopées, et plus encore les Trois fables (Tři bajky) – écrites, comme le cycle de Bartók, pour voix de soprano – de Jaroslav Křička (1882-1969), pièces animalières des années 1912-1917 rendues avec un vrai talent de conteur, y démontrant tout particulièrement son aisance linguistique – textes et traductions en anglais sont très utilement fournis dans la plaquette. Mais le lyrisme prenant du très beau cycle qui donne son titre au CD, Étincelles sous la cendre (Jiskry z popele) de Vítězslava Kaprálová (1915-1940), est également bien servi, avec un sens du legato et de belles demi-teintes, comme déjà dans la pièce de cette musicienne extrêmement prometteuse – hélas morte à 25 ans de la tuberculose – qui ouvre le programme (Sbohem a šáteček, 1937), un mélancolique adieu à la ville de Prague au moment de partir étudier à Paris auprès de Martinů.
Tout au long, le pianiste Dylan Perez, époux du chanteur à la ville, est remarquable de toucher et de ligne, mais aussi, chez Bartók et Křička, de motricité rythmique. De belles découvertes, en particulier Kaprálová.
THIERRY GUYENNE
1 CD Chandos CHAN 20338
Kaprálová – Dvořák – Bartók – Křička
Dylan Perez (piano)
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