1 CD Alpha Classics ALPHA 1097
Ce disque, gravé en studio à l’Auditorium de Radio France en juin 2023, est en lien avec le Palazzetto Bru Zane, qui poursuit aussi dans le domaine sacré son travail de redécouverte de musiques françaises du XIXe siècle oubliées, notamment par le biais de rééditions – ici pour six des quinze morceaux du programme. Ces motets sont signés de quelques noms illustres (Saint-Saëns, Duparc, Fauré, Delibes) mais aussi d’autres qu’on redécouvre beaucoup ces derniers temps, comme les compositrices Mel Bonis, Clémence de Grandval et Charlotte Sohy, ou encore Théodore Dubois et Fernand de La Tombelle.
Écrits pour chœur et/ou solistes – souvent les deux – et tout petit instrumentarium, ce sont indéniablement des curiosités, mais rien qui relève du chef-d’œuvre retrouvé. Répondant à la piété catholique française de cette fin XIXe-début XXe (d’un point de vue philologique, il est d’ailleurs très regrettable que les dates de composition ne soient pas précisées), celle du culte marial et des apparitions (Lourdes…) mais aussi de l’esprit expiatoire du Sacré-Cœur, le tout échappe bien peu au conventionnel, oscillant largement entre ronflant et sentimentalisme.
Sous la direction de Christophe Grapperon, chef de chœur réputé, le Chœur de Radio France se montre musicalement solide, homogène et raisonnable côté vibrato (les sopranos font même trop les voix blanches au début du Gloria de La Tombelle), à défaut de vraie transparence et de finesse dans le traitement des textes – seul texte non latin, celui du Cantique de Jean Racine de Mel Bonis est difficile à saisir. On s’étonne néanmoins, pour une publication patronnée par un centre de recherche comme le PBZ, que l’ensemble soit chanté avec la prononciation italienne standard du latin, alors que, jusqu’au début XXe, c’était la gallicane qui régnait en France.
Côté solistes, les voix d’Isabelle Druet, et surtout de Thomas Dolié, sonnent bien plus mûres que leurs titulaires : très large vibrato chez elle, émission obscure, en arrière et aux voyelles trafiquées pour lui. Cyrille Dubois chante quant à lui plutôt comme un enfant de chœur, tombant beaucoup dans son péché mignon de mièvrerie. Judith Van Wanroij reste plutôt sur la réserve, mais dispense ici ou là de beaux aigus piano. Notons de beaux soli de violon et violoncelle. Une parution d’une incontestable valeur documentaire, mais un peu lourde à l’écoute.
THIERRY GUYENNE
Saint-Saëns – Grandval – Guilmant – Dubois – Bonis, Duparc – La Tombelle – Boëllmann – Sohy – Delibes – Fauré – Chaminade
Judith Van Wanroij (soprano), Isabelle Druet (mezzo-soprano), Cyrille Dubois (ténor), Thomas Dolié (baryton), Manon Galy (violon), Victor Julien-Laferrière, (violoncelle), Yann Dubost (contrebasse), Anaïs Gaudemard (harpe), Lucile Dollat (orgue). Chœur de Radio Fance, dir. Christophe Grapperon
1 CD Alpha Classics ALPHA 1097
