Opéras Macbeth à Parme
Opéras

Macbeth à Parme

28/10/2025
Vito Priante. © Roberto Ricci

Teatro Verdi (Busseto), 4 octobre

La 25e édition du Festival Verdi de Parme est consacrée aux opéras inspirés de Shakespeare. Dans ce cadre, on propose la toute première version de Macbeth (Florence, 1847), représentée en l’occurrence dans l’écrin minuscule du Teatro Verdi de Busseto – le village natal du compositeur – dont la capacité dépasse à peine les trois cents spectateurs. Comparée à la version parisienne de 1865 habituellement adoptée, celle de 1847 présente de nombreuses différences : la cabaletta de Lady Macbeth au deuxième acte (« Trionfai! Securi alfine »), remplacée par la suite par « La luce langue » ; l’air de Macbeth qui clôt le troisième acte (« Vada in fiamme »), remplacé dans la version de 1865 par un duo ; la mélodie différente du chœur « Patria oppressa » ; enfin, l’air final de Macbeth (« Mal per me che m’affidai »), qui conclut l’œuvre d’une manière moins triomphale mais dramatiquement plus efficace que le final composé en 1865. Cette première version recentre l’axe dramatique sur le personnage de Macbeth qui, à mesure que l’opéra avance, devient de plus en plus cynique et violent. Dans cette perspective, Lady perd sa fonction de moteur de l’action et devient l’un des éléments qui soutiennent Macbeth dans son processus progressif d’autopersuasion.

Les modestes moyens techniques du plateau ne favorisent guère les envolées imaginatives des metteurs en scène. C’est ainsi que Manuel Renga et son équipe optent pour un espace ténébreux et dépouillé, image de la psyché égarée des protagonistes, où quelques objets – tel un grand cadre se muant tour à tour en chambre, salle du trône ou lieu d’apparition – suggèrent plutôt qu’ils ne décrivent la transition entre les différents lieux de l’action. L’inscription lumineuse « vaticinio » qui réapparaît à intervalles réguliers nous rappelle la folie des Macbeth, que la soif de pouvoir pousse à intervenir sur les prophéties, tentant d’en hâter ou d’en modifier le cours – comme si l’homme pouvait changer un destin déjà écrit. Les sorcières – présence lugubre et énigmatique – tissent les fils de la vie et du destin, à la manière des Nornes wagnériennes. Quatre mimes-danseurs accentuent la portée symbolique de certains moments. L’image la plus marquante de ce spectacle demeure toutefois ce liquide noir et épais qui se cristallise entre les mains des deux époux, allégorie d’une culpabilité impossible à effacer. 

Fort de ses affinités mozartiennes et rossiniennes, Vito Priante prête à Macbeth son timbre moelleux, son émission homogène, sa diction irréprochable et son art de la nuance. Les dimensions réduites de la salle lui permettent de se faire entendre sans forcer et de tracer le portrait d’un monarque mélancolique et ombrageux, enveloppé d’une ombre intérieure qui colore chacun de ses gestes. Adolfo Corrado, excellent Banco, impose une voix profonde et veloutée, qui séduit par sa richesse mais reste un peu impersonnelle sur le plan interprétatif. En revanche, le tempérament scénique de la Lady Macbeth de Maria Cristina Bellantuono ne parvient pas à faire oublier des agilités bâclées et un registre aigu tendu et criard. Matteo Roma est un Macduff inégal, Francesco Congiu un Malcolm fonctionnel. Les seconds rôles sont bien tenus et le Chœur du Teatro Regio de Parme – ici en formation réduite – demeure irréprochable.

À la tête d’un Orchestra Giovanile Italiana pas toujours précis – la salle met impitoyablement à nu chaque défaut –, Francesco Lanzillotta confirme être un chef d’une indéniable fiabilité et d’une intelligence musicale aiguë, capable de saisir et de restituer les particularités d’une partition caractérisée par une teinte livide et mordante, qui s’accorde parfaitement à la version choisie et à la vision scénique proposée.

PAOLO DI FELICE

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