Opéras Macbeth à Macerata
Opéras

Macbeth à Macerata

09/09/2025
Marta Torbidoni et Franco Vassallo. © Luna Simoncini

Arena Sferisterio, 10 août

Reprise à Macerata de la production de Macbeth signée Emma Dante en 2019 (voir O. M. n° 154 p. 47 d’octobre), coproduite avec le Teatro Massimo de Palerme, et qui confirme tout son intérêt. Forte de son expérience théâtrale, la metteuse en scène sicilienne éclaire avec force les thèmes centraux de l’œuvre. Le pouvoir trouve un symbole saisissant dans la présence scénique, presque obsessionnelle, de multiples couronnes. Certaines images frappent durablement, à l’instar du banquet du deuxième acte, où Macbeth trône sur un siège monumental qui, au moment des apparitions spectrales de Banco, semble littéralement l’écraser. Pour souligner encore l’obsession du héros pour la couronne, Emma Dante rétablit dans le finale l’air « Mal per me che m’affidai », composé par Verdi en 1847, qui s’achève sur la phrase : « vil corona e sol per te! ». Plus contestable, en revanche, la décision de faire lire par Macbeth lui-même la lettre adressée à son épouse, qui déclenche la scène « Nel dì della vittoria » au premier acte : un procédé qui prive la séquence de l’effet voulu par Verdi. Malgré cette réserve, le spectacle séduit par un savant jeu de lumières et un travail chorégraphique d’une grande ampleur.

Sur le plateau, Marta Torbidoni s’impose d’emblée pour son premier abord du rôle de Lady Macbeth. Timbre somptueux, agilité souveraine, maîtrise de toutes les aspérités de la partition : sa scène du somnambulisme constitue sans doute le sommet de la soirée, couronné par un contre-ré bémol d’une rare pureté. Après sa Norma l’an passé, déjà à Macerata, la soprano confirme qu’elle compte parmi les voix les plus prometteuses de ce répertoire. Dans le rôle-titre, Davide Luciano initialement annoncé ayant dû se retirer, c’est Franco Vassallo qui reprend le flambeau. Solide professionnel, il déploie un chant toujours naturel, jamais forcé, parsemé de belles demi-teintes, magnifiant notamment la scène de l’assassinat de Duncan et les duos avec la Lady. Mais l’incarnation reste en retrait, laissant l’impression d’une prestation soignée mais routinière. Simón Orfila prête à Banco une autorité indiscutable, ciselant son air « Come dal ciel precipita » avec un phrasé irréprochable. Antonio Poli campe un Macduff au timbre somptueusement italien, avec quelques tensions dans le passage vers l’aigu. Dans les seconds rôles, citons le Malcolm juste et élégant d’Oronzo D’Urso, l’excellente Dame de Federica Sardella et l’imposant Médecin de Luca Park.

La réussite musicale doit beaucoup à la baguette experte de Fabrizio Maria Carminati. Après un Prélude un peu neutre, le chef sicilien séduit par l’attention minutieuse portée aux détails orchestraux et par son accompagnement magistral des chanteurs. Quelques tempi élargis – notamment dans le concertato du premier acte – pourront paraître discutables, mais ils permettent en réalité de mettre en valeur toute la richesse de l’orchestration verdienne.

ERMANNO CALZOLAIO

Pour aller plus loin dans la lecture

Opéras Nabucco à Sanxay

Nabucco à Sanxay

Opéras L’Enfant et les sortilèges à Martina Franca

L’Enfant et les sortilèges à Martina Franca

Opéras Owen Wingrave à Martina Franca

Owen Wingrave à Martina Franca