CD / DVD / Livres L’Idiot de Weinberg à Salzbourg
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L’Idiot de Weinberg à Salzbourg

08/10/2025

2 DVD Cmajor 811408 & 1 Blu-ray 811504

La captation de Davide et Tiziano Mancini rend fidèlement compte de la production courageuse du Festival de Salzbourg à l’été 2024 (voir O. M. n° 206 p. 65 d’octobre), pour cette rareté que constitue le dernier opéra du compositeur polonais, création posthume de 2013. Warlikowski s’en est tenu, pour l’essentiel, à la lettre du livret, jusqu’en ses méandres les moins enthousiasmants, sa scénographe habituelle Małgorzata Szczęśniak modérant aussi l’usage de procédés vus et revus parfois jusqu’à satiété. Et les moments d’une très belle plastique ne manquent pas, bien transcrits par la caméra, à partir du splendide travelling latéral qui fait entrer en gare de Saint-Pétersbourg, le long de la Neva, le Prince Mychkine de retour de Suisse, jusqu’à l’émouvante image finale qui réunit sur un lit, en vue plongeante, Nastassia assassinée, entre le Prince et son amant Rogojine.

Mais l’enregistrement valorise surtout le meilleur : la Nastassia passionnée et déchirée d’Aušrinė Stundytė, malgré son vibrato par moments vraiment très marqué ; et surtout le Prince tout à fait fascinant de Bogdan Volkov, le ténor ukrainien faisant là une percée spectaculaire en jeune apôtre messianique, figure christique de « l’idiot » bien soulignée, et même très appuyée, mais à bon droit, par la production, et toujours étonnant, entre autres, dans sa grande crise d’épilepsie du cinquième des dix tableaux – avant une très nette baisse de tension. À l’écran, les attitudes souvent assez maniérées de la belle Aglaïa de Xenia Puskarz Thomas enthousiasment moins qu’à la représentation, alors que la prise de son compense au contraire bien la projection limitée du Rogojine excellemment caractérisé de Vladislav Sulimsky, et que la caméra fait mieux valoir la surprenante figure du Lebediev de Iurii Samoilov, tous les autres restant à leur meilleur.

Enthousiasme un peu moindre aussi pour la direction très méritoire de la toute jeune Mirga Gražinytė-Tyla à la tête de parfaits Wiener Philharmoniker, mais qui ne parvient pourtant pas à triompher des longueurs et monotonies de la partition, laissant finalement un doute persistant sur la présence durable au répertoire de cet ouvrage de près de trois heures trente, qu’on pourrait assez facilement abréger, même si l’on est évidemment heureux d’en avoir aujourd’hui l’enregistrement intégral, et dans les meilleures conditions.

FRANÇOIS LEHEL

Bogdan Volkov (Mychkine) – Aušrinė Stundytė (Nastassia) – Vladislav Sulimsky (Rogojine) – Iurii Samoilov (Lebediev) – Clive Bayley (Epantchine) – Margarita Nekrasova (Epantchina) – Xenia Puskarz Thomas (Aglaïa) – Jessica Niles (Alexandra) – Pavol Breslik (Gania) – Daria Strulia (Varia)

Wiener Staatsopernchor, Wiener Philharmoniker, dir. Mirga Gražinytė-Tyla. Mise en scène : Krzysztof Warlikowski. Réalisation : Davide & Tiziano Mancini (16:9 ; stéréo : PCM ; DTS 5.1)

2 DVD Cmajor 811408 & 1 Blu-ray 811504

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