Amphithéâtre Bastille, 4 février
La grande finale nationale du 5e Concours « Voix des Outre-Mer », cofondé par Fabrice Di Falco et Julien Leleu, a repris ses quartiers à l’Amphithéâtre Bastille, devant un public venu très nombreux. Cette compétition, retransmise en direct sur les chaînes du Pôle Outre-Mer de France Télévisions, puis diffusée ultérieurement sur Culturebox et France Musique, a pour but de mettre en valeur les talents ultramarins d’aujourd’hui.
Les douze candidats, accompagnés par la pianiste Kazuko Iwashima, sont issus des différentes finales régionales, la totalité des territoires d’outre-mer se trouvant, pour la première fois, représentée cette année : Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique, Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna.
Ils n’ont pas tous le même parcours, selon l’accès aux formations artistiques déployées au plan local ou la durée des années d’apprentissage. Certains sont parfaitement autodidactes, d’autres poursuivent des études musicales et vocales sérieuses, notamment en France métropolitaine.
Cette année, deux bourses se sont ajoutées aux deux prix décernés par le jury, l’une allouée par la Fondation Orange Antilles-Guyane, l’autre par le Pôle Outre-Mer de France Télévisions. La première est décernée à Thomas Custodio-Vieira (18 ans), venu tout droit de Guyane, pour son interprétation déjà convaincante de l’air de Masetto dans Don Giovanni. La seconde est attribuée à Mikaele Masei (18 ans, lui aussi), arrivé directement de Wallis-et-Futuna, pour son Amazing Grace, traduit en futunien.
Le Prix « Voix des Outre-Mer » récompense, très légitimement, Axelle Saint-Cirel. Originaire de Guadeloupe, la mezzo-soprano (27 ans), actuellement élève au CNSMD de Paris, en master 1, avait déjà remporté, en 2021, une mention d’encouragement. Cette belle voix, assez capiteuse de timbre, s’épanouit dans l’air de Nicklausse des Contes d’Hoffmann (« Vois sous l’archet frémissant »). Le legato est mis au service du personnage, auquel Axelle Saint-Cirel confère une juste présence. Seule la prononciation pourrait être améliorée.
Le Prix « Jeune Talent » est attribué à la soprano Axelle Rascar Moutoussamy (16 ans), venue de Martinique, qui s’attaque avec courage à Rinaldo de Haendel (« Lascia ch’io pianga »). Tout reste à faire sur le plan technique, mais la voix révèle de jolies promesses.
Ces deux prix ont été remis par Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, et par Alexander Neef, directeur général de l’Opéra National de Paris.
Parmi les autres candidats, il convient de noter la prestation de Winona Berry (21 ans), originaire de Saint-Barthélemy et élève au CRR de Bordeaux, dans Orfeo ed Euridice de Gluck (« Che faro senza Euridice ? »). De beaux accents, une ligne de chant soignée soutiennent une voix de mezzo-soprano au timbre clair.
Au bilan, une soirée musicale et vocale de qualité, qui a soulevé l’enthousiasme d’un public peu avare de ses applaudissements.
JOSÉ PONS