Opéras L’elisir d’amore à Nancy
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L’elisir d’amore à Nancy

29/04/2025
Mikhail Timoshenko, Matteo Desole et Rocío Pérez. © Jean-Louis Fernandez

Opéra National de Lorraine, 27 avril

Deux ans après sa création à Rennes et sa reprise par Angers-Nantes Opéra (voir O. M. n° 195 p. 84 de septembre 2023), la production de L’elisir d’amore de David Lescot reprend du service à Nancy. Si l’on reste toujours assez mitigé sur le choix de cette transposition un rien triviale dans l’univers contemporain d’une coopérative agricole tenue par des Gitans, à l’humour parfois un peu lourd, la nouvelle distribution lui apporte sa tonalité propre, et contribue à en renouveler l’intérêt. 

Le Nemorino de Matteo Desole en est sûrement l’élément le plus captivant et la révélation, jouant à la perfection son rôle d’amoureux transi et maladroit, plein de suffisance lorsque, pris de boisson, il pense gagner facilement le cœur d’Adina. Son ténor large et bien projeté gagnerait à quelques nuances supplémentaires mais sa composition théâtrale très fouillée et pleine de trouvailles lui vaut la sympathie du public. Il manque toutefois à sa « Furtiva lagrima » la petite touche de mélancolie qui la rendrait tout à fait magique. Rocío Pérez donne beaucoup de vérité à son personnage de jeune femme rebelle qui ne parvient qu’en dernière limite à (s’)avouer son amour pour lui. La voix n’est pas très large mais l’aigu facile et brillant et sa technique de vocalisation impeccable lui permet de trousser son dernier grand air si exigeant avec une époustouflante virtuosité. 

Le Belcore de Mikhail Timoshenko compose un bellâtre brutal et borné, aussi ridicule que méchant, auquel il offre une superbe voix sombre de baryton dont le mordant le rend aussi inquiétant que sa tendance à dégainer à tout bout de champ son revolver et à rudoyer le pauvre Nemorimo. Sans avoir la faconde des grandes basses bouffes italiennes, Patrick Bolleire compose un Dulcamara de grand format, usant de sa basse noble et de sa haute stature pour gagner le pari d’un rôle comique de premier plan, hors de son répertoire habituel. On retrouve avec plaisir le joli soprano fruité de Manon Lamaison en Giannetta, menant l’excellent chœur féminin dans la scène des confidences. Le chœur du reste mérite une mention spécifique autant pour ses capacités musicales que pour sa contribution théâtrale, où se distinguent de nombreuses individualités.

Dans la fosse, Chloé Dufresne dirige une exécution parfois un peu lourde de la partition de Donizetti. Sa petite tendance à forcer sur le volume sonore dans les ensembles n’hypothèque toutefois pas le succès final sans partage d’un ensemble tout à fait convaincant.

ALFRED CARON

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