Opéras La Flûte enchante le public à Montpellier
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La Flûte enchante le public à Montpellier

01/02/2023
© Marc Ginot

Opéra Comédie, 13 janvier

Conçue pour capter l’attention d’un très jeune public, cette mise en scène – coproduite par l’Opéra Orchestre National Montpellier et l’Opéra National de Lorraine, à Nancy, où elle a vu le jour, en décembre 2021, avec un chef et une distribution différents (voir O. M. n° 179 p. 50 de février 2022) –, d’une esthétique multicolore, à mi-chemin entre un dessin animé de Walt Disney et un coffret de figurines Polly Pocket, charme à sa manière. Une chose est sûre : il ne faut pas être rétif aux caractérisations à grands traits, pour se laisser embarquer par ce type de proposition théâtrale.

Le spectacle d’Anna Bernreitner affirme de vraies qualités narratives, malgré quelques coupes opérées sur la trame du récit et des dialogues adaptés en français, parfois insidieusement sexistes. Et les héros, très identifiables par leurs tenues aux tons pastel (costume de satin mauve pour Tamino, cape ailée vert pistache pour Papageno, robe rose triplace pour les trois Dames, et bleu ciel pour la Reine de la Nuit…), n’ont aucun mal à soutenir le regard des enfants.

En ce qui concerne le chant, le plaisir n’est pas totalement au rendez-vous. On reste, par exemple, circonspect face aux accents par trop confidentiels du Sarastro d’In Sung Sim, ainsi qu’à l’absence récurrente de projection de Benoît Rameau en Monostatos et de Blaise Malaba en Orateur. La soirée offre, toutefois, de beaux élans et de belles intuitions. Ainsi, en dépit de quelques notes parfois trop véhémentes sur « Ach, ich fühl’s », Athanasia Zöhrer montre qu’elle est une Pamina sensible, à la ligne frémissante.

Le Tamino d’Amitai Pati – frère cadet de Pene Pati –  est, lui aussi, très convaincant. Le timbre lumineux et ductile du ténor samoan épouse, avec naturel, les périlleuses modulations de « Dies Bildnis ist bezaubernd schön ». Dans son sillage, le Papageno de Mikhail Timoshenko ne démérite pas : le baryton russe s’illustre tout de suite, avec humour et appétence, sur « Der Vogelfänger bin ich ja ».

La Reine de la Nuit de Rainelle Krause attend, en revanche, son second air pour libérer vraiment ses coloratures rageuses ; parfois rebelle, en cette soirée de première, la voix de la soprano américaine manque d’unité entre les différents registres. Les trois Dames rivalisent de couleurs et de charme, et la Papagena de Norma Nahoun est délicieuse.

À la tête des forces chorales et instrumentales de l’Opéra National Montpellier Occitanie, Constantin Trinks s’approprie la partition avec une évidence rare. Entre des tempi alertes mais jamais précipités, des détails orchestraux subtilement révélés, un sens parfait du volume sonore, on ne sait que louer le plus.

Au final, en dépit de quelques petites faiblesses de distribution, cette production gentiment et résolument régressive ne manque pas de soulever l’enthousiasme du public, venu en masse remplir les rangs de l’Opéra Comédie.

CYRIL MAZIN


© Marc Ginot

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