Honoré Champion 572 p. 88 €
Avec le dixième volume de la Critique musicale s’est achevée en 2020 la publication intégrale des écrits de Berlioz. François Brunet a saisi l’occasion pour procéder à une synthèse, « plutôt stylistique qu’historique », qui étudie les différents visages de Berlioz écrivain. En se penchant sur l’épistolier, il met en lumière sa manière de vivre le mythe romantique de la sœur aimée (dans le sillage de Chateaubriand), réhabilite un personnage mal aimé (son beau-frère le juge Camille Pal), esquisse un portrait de Berlioz en Oreste, « le parricide, le persécuté des Furies, errant sur des rivages hostiles et menacé d’être sacrifié par les siens ».
Berlioz conteur, c’est l’auteur des Mémoires mais aussi des nouvelles où il se montre disciple de Diderot par la fantaisie avec laquelle il fait parler ses personnages. Car le critique musical qu’il était laisse songeur quand on conçoit la liberté de ton qui est la sienne et les formes que prennent ses articles (comptes rendus, dialogues, parodies, etc.) : que n’est-on aussi inventif aujourd’hui ! Avec Berlioz librettiste enfin, François Brunet montre par exemple comment le compositeur, dans L’Enfance du Christ, réunit Racine et Shakespeare.
Ce livre cite bien sûr abondamment Berlioz, enfonce quelques portes ouvertes (« Berlioz s’efforce d’éviter le convenu, le banal, les formules usées ») mais a le mérite d’envisager ses écrits comme un vaste panorama exploré à la manière du géographe. Un index des noms et des œuvres le complète utilement.
CHRISTIAN WASSELIN
