CD / DVD / Livres Florian Boesch : Brahms, Wolf – Lieder
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Florian Boesch : Brahms, Wolf – Lieder

16/09/2025

1 CD Linn CKD 751 

Associer Brahms et Wolf sur un même disque peut presque sembler facétieux, tant leur relation fut de détestation mutuelle, tradition allemande contre « musique de l’avenir » (selon l’appellation de Liszt). La confrontation de ces deux mondes harmoniques, pianistiques, poétiques très contrastés ne manque finalement pas d’intérêt. Le programme est structuré par quelques cycles : les Vier ernste Gesänge de Brahms, les trois Harfenspieler (Chants du harpiste) d’après Goethe et les trois Gedichte von Michelangelo de Wolf, ce dernier recueil (1897), et celui, quasi concomitant, de Brahms (1896) partageant le statut d’œuvre ultime. L’atmosphère, on le voit, est à la profondeur et à la gravité, et les Lieder séparés qui complètent le programme – largement de la veine des « Volkslieder » côté Brahms – contrebalancent moins qu’ils ne le pourraient, par l’interprétation, cette tendance monochrome.

Le disque, gravé en studio en juin 2023, a nettement plus de relief que le précédent, tout Schumann, du même duo, (voir O. M. n° 201 p. 92 d’avril 2024). Les Harfenspieler de Wolf, notamment, sont assez convaincants, cette voix plutôt grise et ces attaques souvent floues peignant bien ce personnage moralement exténué. Mais force est de constater qu’on retrouve un caractère binaire, entre quelques moments forte convoquant tout le métal du timbre, à l’image du Prometheus de Wolf agressif qui clôt le programme, et d’autres, bien plus nombreux, relevant du confidentiel, du murmure. Il s’agit à l’évidence d’une esthétique réfléchie, car cet aspect dynamique, renforcé par le choix fréquent de transpositions graves, s’accompagne de phrasés délibérément courts, de tenues abrégées, d’un refus de la grande ligne soutenue. Notons néanmoins que sont plus d’une fois ignorées les indications de la partition, à l’instar, entre autres, du forte marqué pour Dein blaues Auge de Brahms. Et tout cela vaut aussi pour le piano de Malcolm Martineau.

Ce qui nous empêche principalement d’adhérer à cette approche très voulue est le recours beaucoup trop systématique au détimbrage, au détriment d’une variété des couleurs, d’autant qu’alors la tendance patente du baryton autrichien à minimiser l’articulation du texte peut devenir extrême, jusqu’au marmonné. Étonnante méfiance envers les consonnes chez un chanteur germanophone, de surcroît professeur de Lied.

THIERRY GUYENNE

1 CD Linn CKD 751 

Malcolm Martineau (piano)

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