Opéras Don Pasquale à Liège
Opéras

Don Pasquale à Liège

22/05/2025
Maxim Mironov, Maria Laura Iacobellis, Marcello Rosiello et Ambrogio Maestri. © ORW-Liège/Jonathan Berger

Opéra Royal de Wallonie, 17 mai 

La nouvelle production de Don Pasquale de l’Opéra Royal de Wallonie installe l’ouvrage de Donizetti au coin d’une rue de Little Italy, quelque part dans les années 1950, faisant du rôle-titre le patron d’une pizzeria aux allures de mafieux. Il est en effet accompagné de deux hommes de main en chapeau mou, et les incessantes livraisons ne laissent aucun doute sur la nature du lieu. L’encombrant décor d’immeubles en briques de Philippine Ordinaire ménage quelques ouvertures dans les façades pour évoquer l’intimité des personnages : le bureau du patron, la chambre du neveu, l’arrière-salle du restaurant et, de l’autre côté de la rue, le salon de beauté de Norina. Mais transposer n’est pas mettre en scène et, au delà de cet habillage, Mirabelle Ordinaire, sœur de la décoratrice, ne fait pas grand-chose de son concept. Surtout, elle se voit rapidement obligée, faute d’espace, d’installer l’essentiel de l’action à l’avant-scène, laissant une nombreuse figuration animer les arrière-plans, sans que cette agitation pittoresque ne nous dise quoi que ce soit de nouveau sur l’intrigue qui ne paraisse anecdotique. N’était au final la prise de pouvoir par Malatesta et le suicide pur et simple du vieux « Don », une fin qui paraît tout de même bien lourde et décalée par rapport à la légèreté de la conclusion originale, on reste finalement dans le registre le plus classique de l’opéra-bouffe.

Avec son imposante stature et sa large voix de baryton-basse, Ambrogio Maestri donne une certaine crédibilité à son personnage, bien qu’hésitant quelque peu entre autorité naturelle et faiblesse feinte. Passé un premier air où il peine à trouver ses marques, il ne fait qu’une bouchée de son rôle, particulièrement dans le canto sillabato où il est hors pair. Le Malatesta virevoltant de Marcello Rosiello n’est pas tout à fait aussi virtuose mais il lui offre une réplique pleine de finesse dans leur célèbre duo du troisième acte. Avec son baryton plus clair et bien timbré, il compose une excellente figure de manipulateur. Enfin, Maria Laura Iacobellis est une Norina pleine de tempérament, brillante dans la colorature, avec une voix plutôt large au centre et des aigus pénétrants. Elle met un petit temps à se libérer, sans doute handicapée par la position en terrasse de son premier air, mais son incarnation ne fait que s’affirmer vocalement et théâtralement au fil de la soirée. Dans cet ensemble très italien qui finalement apporte sa saveur authentique à la musique de Donizetti, Maxim Mironov ne détonne pas. Son léger vibratello si caractéristique et sa ligne chant élégante en font le plus distingué des Ernesto possibles. Sa sérénade accompagnée par deux guitaristes sur le plateau puis son duo avec la soprano où ils paraissent tous deux en état de grâce sont parmi les moments les plus captivants de la soirée.

Dans la fosse, le jeune chef péruvien Dayner Tafur-Díaz fait preuve d’une belle énergie, soulignant les contrastes dès l’ouverture, tapant parfois un peu fort dans les ensembles mais valorisant brillamment la fine orchestration. Devant une telle maîtrise, on a du mal à imaginer qu’il n’en est qu’à sa deuxième direction lyrique, tant il se révèle d’une parfaite aisance. Avec une excellente prestation du chœur maison, la production reçoit un accueil chaleureux d’une salle visiblement conquise.

ALFRED CARON

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