CD / DVD / Livres Wagner : Die Meistersinger vun Nürnberg
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Wagner : Die Meistersinger vun Nürnberg

28/09/2018

Michael Volle (Hans Sachs) – Günther Groissböck (Veit Pogner) – Johannes Martin Kränzle (Sixtus Beckmesser) – Daniel Schmutzhard (Fritz Kothner) – Klaus Florian Vogt (Walther von Stolzing) – Daniel Behle (David) – Anne Schwanewilms (Eva) – Wiebke Lehmkuhl (Magdalene) – Georg Zeppenfeld (Ein Nachtwächter)
Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele, dir. Philippe Jordan. Mise en scène : Barrie Kosky. Réalisation : Michael Beyer (16:9 ; stéréo : PCM ; DTS 5.0)

2 DVD Deutsche Grammophon 073 5450

Signée par le brillantissime Barrie Kosky, cette production, filmée lors de sa création au Festspielhaus de Bayreuth, en 2017, est d’ores et déjà historique (voir O. M. n° 132 p. 28 d’octobre). Car tout concourt au ravissement intellectuel et esthétique.

Ici, pas de thèse fumeuse imposée à une partition récalcitrante. Kosky réussit simplement le tour de force de nous parler à la fois du créateur Wagner et de tout ce dont le mythe de Nuremberg est porteur. Humour et émerveillement sont au programme, d’autant que la captation vidéo permet de goûter le complexe jeu d’acteurs qu’on ne voit pas toujours depuis la salle, une fois passé le rang 10.

En situant le premier acte dans la Villa Wahnfried, avec une Eva/ Cosima, un Sachs/Wagner, un Pogner/Liszt et un Beckmesser/Hermann Levi, chacun plus vrai que nature, la contextualisation s’avère d’emblée judicieuse. Puis, le déboublement Sachs/Walther (un Wagner mûr face à un Wagner juvénile) tourne à la convaincante « mise en abyme ». D’autant que le futur maître, comme l’ancien, est à chaque fois porté par une voix adéquate : timbre pastel de Klaus Florian Vogt, baryton-basse si humain de Michael Volle (quel troisième acte !).

Et c’est un bonheur de reconsidérer les coups de génie de Barrie Kosky, comme ce charivari du II tournant soudain au pogrom grinçant. Virtuose des emboîtements vertigineux, le metteur en scène australien s’affirme bien comme l’un des plus passionnants du moment.

Quant à la distribution, elle est impeccable, de l’Eva mûre d’Anne Schwanewilms au David généreux de Daniel Behle. Sans oublier la figure complexe, jamais caricaturale, offerte par Johannes Martin Kränzle en Beckmesser.

La direction de Philippe Jordan illumine la comédie wagnérienne d’une verve toute latine laquelle, à la réécoute, a vraiment des affinités avec les ineffables Meistersinger d’André Cluytens, captés à Bayreuth, en 1957 (en CD chez Walhall).

Une deuxième référence, qui rejoint le DVD filmé à Glyndebourne, en 2011 (Opus Arte).

VINCENT BOREL

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