Opéra, 13 octobre
Créée à l’Opéra de Limoges, en février 2022 (voir O. M. n° 180 p. 36 de mars), la production de La traviata, signée Chloé Lechat, n’avait que très modérément convaincu notre collègue Paolo Piro, qui relevait, néanmoins, le « raffinement des décors et des costumes ».
On regrette à nouveau, lors de cette reprise par l’Opéra Grand Avignon, que la lecture de la metteuse en scène franco-suisse s’appuie davantage sur des ajouts dramaturgiques extérieurs plutôt que sur le livret, lui-même. Il en découle quelques moments de flottement dans la direction d’acteurs, que les interprètes comblent par une intelligence musicale et un certain naturel, assurant la fluidité de l’ensemble.
Dans le rôle de Violetta, la soprano russe Julia Muzychenko fait entendre une voix placée haut, manquant certes de rondeur dans le médium, mais à l’aigu d’autant plus éclatant. Passé une certaine fatigue, à la toute fin de l’acte I, elle se distingue avec un chant épanoui – surtout dans « Addio, del passato », où elle s’autorise des sons filés parfaitement maîtrisés.
À ses côtés, Jonas Hacker aborde son premier Alfredo, avec un instrument encore un peu vert, auquel il cherche à donner plus de corps, en assombrissant les sons. Le timbre est, toutefois, fort beau, la technique solide, et le ténor américain convainc totalement par l’innocence qu’il confère à son personnage.
En Germont père, Serban Vasile est, sans doute, l’interprète le plus aguerri de la distribution. Doté d’un baryton ample et sonore, libre jusque dans le haut du registre, le chanteur roumain sait donner du relief au texte de l’air « Di Provenza il mar, il suol ».
Parmi les comprimari, on notera la forte présence de Sandrine Buendia en Annina. Quant au Chœur de l’Opéra Grand Avignon, il assure, tout particulièrement, lors de la fête du II, alors que le I le voyait plus en retrait.
Dans la fosse, Federico Santi peine à insuffler des phrasés à l’Orchestre National Avignon-Provence. Au lieu de se fondre pleinement dans la ligne, les soli instrumentaux surgissent et s’arrêtent de manière assez abrupte, tandis que les interventions des cuivres tendent à écraser les autres pupitres. La scène chez Flora est la plus réussie pour les musiciens, enfin en osmose avec les chanteurs sur le plateau.
CLAIRE-MARIE CAUSSIN