Grand Théâtre, 7 mai
Après l’Opéra National de Lorraine et l’Opéra de Toulon, la Tosca mise en scène par Silvia Paoli, également coproduite par l’Opéra de Rennes et Angers Nantes Opéra, investit le Grand Théâtre d’Angers, confirmant ses atouts esthétiques, mais semblant, peut-être, moins radicale (voir, en dernier lieu, O. M. n° 187 p. 59 de novembre 2022). Le drame apparaît, en effet, plus resserré que lors des représentations toulonnaises, comme si l’on faisait un pas supplémentaire vers les personnages.
La soprano grecque Myrto Papatanasiu possède deux qualités indispensables, pour aborder Tosca : un grave expressif (notamment dans le parlando), et ce qu’il faut de métal dans les aigus, pour les rendre éclatants. Elle passe, ainsi, au-dessus des difficultés du rôle et parvient à incarner une héroïne élégante, sensible, qui ne tombe pas dans des excès scéniques.
Andeka Gorrotxategi n’a, malheureusement, pas l’aisance de sa collègue. La voix est forcée dans le haut du registre, ce qui ne lui permet pas de donner le lyrisme attendu aux airs de Cavaradossi. C’est d’autant plus dommage que le ténor espagnol possède, par ailleurs, un timbre riche, qui permet de faire entendre le caractère plus héroïque de l’acte II.
À leurs côtés, l’Italien Stefano Meo domine Scarpia d’un baryton assuré, libre, rayonnant, scéniquement aux antipodes de Daniel Miroslaw, son prédécesseur dans la production. Dès lors, la dimension christique du personnage, proposée par Silvia Paoli, et extrêmement visible, lors des représentations nancéiennes et toulonnaises, est, ici, beaucoup moins évidente. Sans que cette lecture perde, pour autant, en intensité.
Parmi les rôles secondaires, on retiendra, tout particulièrement, le Sacristain de Marc Scoffoni, ainsi que le Spoletta, mi-peureux, mi-cruel, de Marc Larcher. Enfin, bien que peu présent sur scène, le Chœur d’Angers Nantes Opéra, accompagné par la Maîtrise des Pays de la Loire, ne manque pas de faire son effet, à la fin du I, véritable tableau vivant, où les voix se déploient avec force.
À la tête de l’Orchestre National des Pays de la Loire, Clelia Cafiero dirige une adaptation pour orchestre de chambre de la partition, réalisée par Riccardo Burato. L’effectif réduit se fait sentir dans la scène finale, qui manque un peu d’étoffe, mais la cheffe italienne compense autrement, par une lecture acérée de l’œuvre, où les différents pupitres se font entendre de manière très lisible. Il y a du tranchant et du caractère dans cette direction, à laquelle on pourrait reprocher de ne pas toujours laisser respirer la musique dans les pages plus élégiaques.
Pour le reste, le drame se joue, sans aucun doute, dans la fosse aussi bien que sur le plateau.
CLAIRE-MARIE CAUSSIN